samedi 21 décembre 2019

Enchantement ou an chahuté ?

L'enchantement lié à l'an nouveau, la renaissance tant attendue et généralement vite oubliée de toutes bonnes et saines résolutions ont actuellement de quoi être tourneboulés en nos esprits et cervelles.

Toutefois, ces enchantement et renaissance ne sont point, dans les propos à suivre, sujets ou prétextes à de quelconques rebondissements quant aux péripéties politiques contemporaines afférentes à la réforme des retraites.

Si retraite, il convient de parler, c'est de celle que je vous invite à opérer le temps du présent article pour gagner un siècle où s'affirma justement en religion celle que l'on disait de la Réforme.

Décidément, les mots sont tenaces !

Ne reste plus qu'à rechercher l'enchantement, celui précisément du nouvel an, maintenant que nous sommes arrivés en l'an 1560.

Cette année là, suite au décès de son père François II, le 5 décembre, et sous la régence autoritaire de Catherine de Médicis, Charles IX, âgé d'une dizaine d'années, prend place sur le trône de France.

Réforme oblige, le royaume est en proie à de nombreux troubles qui opposent catholiques et protestants. Ces derniers, à force d'être la cible de massacres (tels ceux de Cahors et de Wassy), décident de réagir avec une égale violence. Ainsi débute en mars 1562, la première guerre de religion qui se conclut un an après par l'édit d'Amboise, dit de pacification.

Fort de cette paix relative, le jeune roi, désormais libéré de la tutelle de sa mère - laquelle opiniâtre reste cependant très influente - entreprend sur son conseil un tour de France afin d'en connaître les provinces. Le roi voyage du 24 janvier 1564 au 1er mai 1566, célébrant ainsi le nouvel an à plusieurs reprises. Reste cependant à en définir la date ou plus exactement les dates.

Car c'est seulement au premier janvier 1567, que sont appliquées les dispositions administratives conséquentes aux édits de Saint-Germain (janvier 1563) et de Roussillon (août 1564) visant par la loi (entérinée en décembre 1564) à l'uniformisation d'un nouvel an fixé à jamais au premier janvier, en imitation à la règle déjà appliquée depuis 1540, dans le Saint-Empire Romain Germanique, alors sous l'autorité de Charles Quint.

Au cours de son périple, Charles IX constate effectivement que le nouvel an prend place, selon les contrées visitées, soit le 1er ou le 25 mars, soit à Pâques, date fluctuante entre mars et avril, soit à Noël.

Le premier janvier ne devient réellement universel dans le monde catholique qu'en 1582 avec la décision papale d'instaurer un nouveau calendrier de référence, celui dit grégorien, en hommage au souverain pontife éponyme, Grégoire XIII. (Entre temps, en 1574, Henri III a pris la succession de son frère sur le trône de France).

Plus conforme à l'adéquation des mouvements relatifs de la terre et du soleil, tenant compte d'une révolution annuelle ne reposant pas sur un nombre exact de jours*, ce calendrier impose désormais presque** tous les quatre ans, une année dite bissextile qui par l'ajout du 29 février, comporte 366 jours.
* 364,2425 jours environ.
** Les années 1700,1800,1900 sont restées à 365 jours.

Autre décision à effet immédiat pour rattraper les retards engendrés par l'imprécision du calendrier julien qui précédait , le nouvel an de 1582 se retrouve anticipé puisque l'année 1581 est raccourcie de dix jours, avec un mois d'octobre passant directement du jeudi 4 au vendredi 15.

Pour conclure, quelle que soit la date qui fut, qui est et qui sera, je vous assure de la pérennité de mes vœux les plus sincères et les plus chaleureux pour l'année à venir, avec force santé, bonheur et ce qu'il faut pour vivre en bel enchantement !

dimanche 15 décembre 2019

Chanter et être enchanté par Lo dolze Bambino

Et si Noël nous apportait un peu de douceur à la façon italienne ?

Conséquence collatérale des neuf guerres d'Italie, lesquelles engagèrent les rois de France de 1494 à 1546, (Charles VIII en fin de règne, Louis XII puis François Premier), il y a un évident engouement pour les arts renaissants en provenance de la péninsule.

Maîtres et œuvres circulent dans toute l'Europe, à destination de diverses cours royales où monarques et grands princes se constituent d'immenses collections dont profitent aujourd'hui nombre de musées prestigieux dont en France, le Louvre, où une certaine madone suffit à elle seule à attirer la foule par son sourire énigmatique.

Plus discrètes, mais toutes aussi exceptionnelles, les compositions musicales - à défaut d'être enregistrées acoustiquement - sont diffusées par l'entremise des manuscrits et des toutes premières impressions (à Venise dès 1501) que conservent aujourd'hui les bibliothèques dont celle parisienne dite nationale.
Numérisés, ces documents précieux mais fragiles, autrefois difficiles d'accès pour mieux les préserver, sont désormais consultables en ligne, notamment sur le site www.gallica.fr - Si la réplique sur écran n'émeut pas autant que d'être en présence de l'original, elle apporte cependant l'essentiel, y compris pour célébrer Noël.

Dans le manuscrit côté "F-Pn Cons. Rés. Vm7 676", qui fut copié soit à la cour de Mantoue, soit à celle de Ferrare, trouve-ton parmi la bonne centaine de pièces, un charmant chant de Noël en duo qui célèbre la venue du dolze bambino.

La mélodie est touchante, un brin naïve et porteuse d'émotion simple, comme un ultime cadeau qui m'est réservé en cette fin d'année en ma quête incessante de découvertes des beautés du patrimoine.

En bon enchanteur qui se respecte, j'en partage volontiers céans la connaissance.

Peut-être ce chant atténuera-t-il - puisque la musique est censée adoucir les mœurs - toutes tensions nées au cours d'une année intense, tant celles de 1502, dans une Europe déchirée par la troisième guerre d'Italie, que les nôtres plus contemporaines, lesquelles pourraient nuire actuellement à la sérénité de quelque voyage entre Italie et France.

Ainsi vous souhaité-je de belles fêtes de fin d'année, impatient cependant de poursuivre à l'an qui vient toutes aventures au cœur du patrimoine que je ne manquerai point vous décrire.
fresque de Fra Filippo Lippi réalisée de 1467 à 1469 dans la cathédrale de Spolète
Bien à vous,
Hervé.

mardi 29 octobre 2019

Médiéval, troubadour, ces deux mots ont-ils encore un sens ?

Suite à un récent post sur Facebook (copie en fin d'article) quant à l'usage du qualificatif médiéval appliqué aux fêtes, lesquelles se multiplient à foison, et aux musiques qui y sont prodiguées, je n'ai pas été surpris que mon questionnement ait été élargi pour dévier sur un hors-sujet insoluble et récurrent qui oppose deux camps dont les premiers exigent de l'"histo" pendant que les seconds privilégient l'envie de festoyer, quitte à se façonner des "Moyens Âges" plus approximatifs.

L'informatique ayant visiblement transformé les esprits en machines binaires oublieuses de toute faculté de modération, je n'ai guère lu de propos recherchant quelque compatibilité entre ces deux positions, si opposées fussent-elles, au profit quasi-exclusif d'expressions antagonistes, lesquelles ne demande à chacun - il est vrai - que de rester ancré sur ses certitudes, sans avoir à fournir le moindre effort de réflexions ou d'études.

Ce constat, certes un peu triste, mais point désabusé, ne me décourage pas cependant pour lancer un autre débat que m'inspire un autre terme ô combien dévoyé et détourné, celui de "troubadour".

Initialement, le mot est dérivé du verbe "trouver" en langue d'oc ou "trobar".

Il qualifie, entre les fins du onzième et du treizième siècles, des hommes (et quelques femmes dites trobaritz dont la comtesse de Béatrice de Die ci-contre) issu.e.s principalement de la noblesse, suffisamment instruit.e.s pour ciseler les plus beaux poèmes, tant sur le fond que sur les diverses formes qu'ils empruntaient.

Ces poèmes étaient éventuellement accompagnés de musique, avec des mélodies également d'un haut niveau de raffinement.

Le mouvement littéraire et musical des troubadours, fort de deux siècles d'existence, était plutôt réservé à une société privilégiée, essentiellement aristocratique. N'oublions point cependant quelques troubadours de moindre extraction (dont Marcabru ci-contre) au talent si affirmé que leurs modestes origines furent oubliées et leurs compositions compilées dans la quinzaine de manuscrits dont on dispose pour faire revivre cet immense répertoire de nos jours.

Vivre et revivre...

Disait-on déjà de ceux qui interprètent poèmes et chansons qu'ils jouaient ?

Probablement puisque l'on mentionne déjà au Moyen Âge des "joglars" (en pays d'oc) et des "jongleurs" (en pays d'oil), termes provenant du verbe occitan "joglar" qui signifie effectivement jouer. À l'art de jongler avec les notes et les mots se mêlèrent ceux visuels des arts du cirque, lequel a su garder le terme à son profit, avec pour conséquence une inexactitude fréquente concernant désormais principalement les musiciens, quels que soient leurs répertoires.

Il suffit de déclamer ou de chanter un poème ou de sortir un instrument de musique pour que toutes gens de tous niveaux d'instruction vous honorent du qualificatif de troubadour.

Le compliment est éminemment sympathique et il est reçu avec grand plaisir. Mais il n'en est pas moins inexact et a parfois de quoi faire se retourner dans leurs tombes d'illustres prédécesseurs dont nous ne sommes point - la plupart du temps - les vecteurs, puisque ne "jouant" pas leurs œuvres dont l'approche n'est pas des plus simples et requiert un travail conséquent pour en proposer des interprétations crédibles.

Je m'appuie notamment en ce propos sur ma propre expérience puisque j'ai eu la chance d'enregistrer plusieurs CD sur les troubadours (www.cd.zumeurs.net) et de partager la scène avec le duo "Joglar" dont la pertinence tient, et dans le nom de l'ensemble, et plus encore dans leur approche précise et respectueuse de la langue d'oc, tant chantée que parlée et des instruments dont ils s'accompagnent.

Qu'en conclure ?

Amis auditeurs et spectateurs, l'art de musique comme toute autre ne peut se pratiquer que dans l'humilité... Par égard pour nos chevilles et si estimez que nous méritons quelque compliment, modérez-le et appellez-nous "jongleurs" !

Par ailleurs, d'aucuns me diront que j'écris en vers la plupart des textes que je destine à la scène, éventuellement dans des formes très contraintes. Si ces rimes ont l'heur de vous plaire, je m'en réjouis et, en cela, je suis peut-être une démarche similaire à celle des troubadours.

En mérité-je toutefois l'appellation ?

Laissons cela à l'arbitrage du temps, je suis prêt à attendre quelques siècles !

Le post du 15/10/2019
Je n'ai pas la réponse...

D'un côté, je vois nombre de fêtes médiévales dont les organisateurs se disent tous plus médiévaux et "historiques" les uns que les autres, notamment dans le souci du détail historique des costumes, de la nourriture...

De l'autre, éventuellement (pour ne pas dire souvent), à longueur de videos, de teasers, de clips, de photos aussi, je vois et entends des groupes de musique dont les instruments, les répertoires et le jeu sont complètement hors sujets et semblent toutefois convenir à ceux qui les font venir et même parmi ceux cités précédemment.

Que faut-il en déduire ou penser ?

- Que le mot "médiéval" est un fourre-tout prétexte à la fête ? Fête où l'on peut laisse s'exprimer clichés, fantasmes et mythes, au détriment des savoirs et connaissances sur la période.

Soit pour résumer que l'univers médiéval est à la France (voire à l'Europe), ce que le western est aux USA ?

- Qu'a contrario et dans le souci d'un minimum d'historicité, la musique serait exclue des exigences requises pour que le mot médiéval ait du sens ?

Merci de débattre en toute courtoisie, notion que savaient pratiquer nos prédécesseurs du Moyen Âge.

jeudi 3 octobre 2019

Du bonheur de consulter les archives...

Aux seules fins d'alimenter en fines anecdotes les créations du Strawberry Consort, existantes et à venir, je relève avec plaisir, au tournant des quinzième et seizième siècles, à l'aube de la Renaissance, un échange entre le sieur Jean Marre, évêque de Condom et son pair visiteur, l'évêque d'Agen*.

Ce dernier, en digne homme de foi, consacre un véritable culte à ses chiens, compagnons dont il ne se sépare jamais et pour lesquels requête fait-il qu'ils soient aussi bien accueillis et nourris que lui-même.

Chiens et chats n'entretiennent pas forcément des rapports cordiaux.

Alors que le visiteur agenais entre dans la cour de Jean Marre, ses chiens sont agressés par les chats condomois, lesquels en étranglent bon nombre.

En bonne diplomatie, l'évêque d'Agen ronge son frein et contient sa fureur. Il se contente de demander à son hôte les pourquoi d'une telle horde meurtrière et de l'utilité d'élever par devers soi autant de chats tueurs de chiens.

La réplique de Jean Marre, sans doute inspirée par le Très-Haut, lequel particulièrement charitable en ce jour, est implacable : « Et vous, que faire de tant de chiens qui mangent le bien des pauvres pendant que mes chats dévorent les rats qui grignotent le bien des pauvres.»

Agen, à jeun ? Nul ne sait, après cet épisode qui fut fâcheux à l'endroit des compagnons canins, si les rescapés eurent moindres rations de pâtée et si de plus humbles brebis humaines en eurent quelque maigre profit.

*Il s'agit probablement de Léonardo della Rovère, membre de la famille papale (Sixte VI et Jules II). Nommé cardinal d'Agen en 1505, l'anecdote serait donc datable quelques années plus tôt.

Outre la nourriture de ses canidés, il a réglé la note du tombeau de Jules II, commandé à Michel-Ange, ce dernier, sujet d'une prochaine création du Strawberry consort : Les mots de Michel-Ange.


Les trois enluminures, chiens, chat et rat proviennent du bestiaire d'Aberdeen (XIIe siècle)

dimanche 22 septembre 2019

Fraise d'automne en Haute-Loire
ou la recherche d'autres lieux d'échanges culturels

Samedi prochain , le 28 septembre, "The Strawberry consort" ramène sa Fraise à l'auberge du Campos, à Saint-Pierre-du-Champ en Haute-Loire (43), juste en dessous de la limite méridionale du parc naturel du Livradois-Forez.


Rendez-vous est donné à 20h pour une soirée repas suivi du spectacle "La Fraise".

Sans trop en dire pour préserver moults surprises et plaisirs, le spectacle est présenté sur le site www.lafraise.zumeurs.net et le repas - selon les dicts du maître des lieux - sera exceptionnel, particulièrement pour l'assemblage des mets et des vins.

Il est donc fortement conseillé de réserver
☎ : 04 71 08 75 39, non sans avoir préalablement visité virtuellement les lieux : www.facebook.com/aubergeducampos

Notre présence (Jessica Warnock et votre serviteur) en un tel lieu a pour avantage d'ouvrir la discussion sur les modes de diffusions culturelles à venir et à développer, notamment pour des répertoires tels ceux de La Fraise, généralement réservés à une poignée de festivals spécialisés avec des auditoires qui le sont tout autant.

L'aspiration à s'ouvrir à de plus larges publics, ce à quoi nous tenons beaucoup, est favorisée par la proximité qu'impose l'espace scénique limité de lieux dont la vocation n'est ni initialement, ni prioritairement, la diffusion de spectacles.

Ce qui peut paraître une contrainte est en réalité, au seul prix d'un peu d'imagination et de souplesse d'adaptation de notre part es qualités d'artiste, une formidable occasion d'échanger plus facilement, avant et après le spectacle, le cas échéant autour de quelque breuvage qui ajoute à la convivialité.

Quant à la fatigue qui pourrait en découler, peu importe, l'Auberge du Campos ajoute au charme de la soirée, le fait bien apprécié d'un hébergement sur place.

Pour conclure, La Fraise et les autres spectacles en solo ou duo (www.zumeurs.net) sont prévus pour des représentations en tous lieux, même les plus insolites, pourvu qu'il y ait de fructueux échanges humains.

D'autres dates seront annoncées (www.dates.zumeurs.net) pour La Fraise et d'autres spectacles en des lieux similaires dont ceux des réseaux de cafés associatifs qui se développent actuellement dans le Sud-Ouest.

Peut-être imaginez-vous déjà quelque lieu public ou privé (voire chez l'habitant) où notre plaisir à jouer et partager serait le bienvenu !

N'hésitez pas à nous en parler et promis, je garde près de moi mes lunettes pour lire vos courriers et courriels.

Bien à vous, gen.te.s de Haute-Loire et d'ailleurs.

jeudi 5 septembre 2019

Un médecin ramène sa fraise !

L'étonnant et picaresque personnage du spectacle « La Fraise » se livre enfin.
La fraise - The strawberry consort

« Ah vous tombez bien ! On manque de plus en plus de médecins dans les campagnes. Votre venue est un bienfait pour le pays.
― C'est que je ne suis pas sûr de faire l'affaire.
― Comment cela ?, avec votre réputation ?
― C'est que j'aimerais en parler et rectifier certaines rumeurs qui circulent.
― Allons donc. Ne faites pas le faux modeste. D'abord, ce ne sont pas des rumeurs, mais des faits.
― Certes… Mais…
― Ah ces gens de talent, tous les mêmes ! Mais je ne vais pas perdre de temps à attendre votre bon vouloir de raconteur. Car, pendant ce temps là, la liste des patients impatients s'accroît. À croire qu'un jour, on ne verra les médecins qu'avec des rendez-vous posés des mois et des mois à l'avance.
― Ce n'est point que je renâcle à raconter. Mais vous aurez du mal à croire à ce que je vais vous dire, je vous assure.
― Êtes-vous donc si indécrotable ? Il est grand temps que je vous rafraîchisse la mémoire. N'est-ce point vous qui, il y a un an, au milieu d'un parterre de soi-disant doctes professeurs des meilleures facultés, gens arrogants et hautains s'il en est, lesquels affirmaient avec superbe que mon grand-père ne passerait pas la nuit, avez osé les contrarier en annonçant qu'il serait rapidement sur pied ?
― Oui, bien sûr. Mais…
― Vous ne serez donc pas surpris d'apprendre que l'aïeul ne manque jamais la danse chaque dimanche que Dieu offre. Il a définitivement oublié le sens du mot fatigue.
― Le concernant, je n'ai aucun mérite. C'est lui qui a une belle nature.
― Nature et santé que d'autres voulaient enterrer. Et mon grand-père n'est pas seul. Plus exactement, vous n'avez jamais eu la moindre erreur de diagnostic.
― Certes, mais je n'y suis pour rien.
― Ben voyons ! À mon sens, c'est que vous avez su retenir juste ce qu'il fallait de vos longues études sans vous encombrer des belles formules qui en imposent en société mais qui ne guérissent pas les malades.
― Ne blâmez pas mes pairs. Parmi eux, il est de grands hommes.
― Mais il en n'est qu'un qui ne se trompe jamais.
― C'est justement de cela dont je veux parler.
― Avez-vous un secret ?
― En quelque sorte.
― Peu importe. Seriez-vous sorcier que la seule chose qui importerait serait le résultat.
― Ne parlez pas ainsi. Je ne veux pas finir au bûcher.
― Vous avez raison. En ce moment, la justice des hommes en use sans compter.
― Et ne parlons pas non plus de religion. Le sujet est trop sensible. Laissez-moi le peu que je sache faire.
― Soigner votre prochain !
― Ou annoncer aussi, hélas, qu'il ne pourra pas s'en sortir.
― Toutefois avec une égale exactitude. Vous êtes le plus honnête et le plus droit des médecins. Mais dites-moi, je n'arrive pas à vous donner d'âge.
― C'est que je ne suis pas né du dernier orage, ni même du dernier couronnement.
― Pourquoi évoquer nos rois ?
― Car je suis né avec l'an 1515, au premier janvier.
― Jour où François Premier…
― Montait sur le trône.
― En voilà un qui n'a pas manqué vous fournir de quoi soigner.
― Ah ça non ! À se chamailler en permanence avec Charles-Quint et Henry VIII, il est à l'origine de milliers de morts et de blessés.
― Sans compter sur les premières répressions contre les protestants.
― Lesquelles finirent par engendrer les guerres de religion.
― Et donc vous procurer du travail !
― Je n'en ai jamais manqué.
― Ce sont les rançons du talent et de la gloire.
― J'ai cependant connu des périodes moins agitées, sans guerre, sans intolérance, parfois même sans épidémie.
― Vous méritiez bien quelque vacance. Avez-vous eu famille ?
― Je me suis marié sur le tard, alors que la France connaissait une décennie plus calme.
― De quoi assurer votre descendance.
― Comme tout le monde avec enfants, puis petits enfants…
― Dont un célèbre.
― Le petit Gabriel ? Connu seulement.
― Et reconnu, je vous l'assure.
― Longtemps après ma mort, je suppose.
― Une quinzaine d'années, tout au plus. Non, non, vous pouvez être fier.
― Savez-vous quand je suis mort ?
― Il me semble que c'est en 1598.
― Le 30 avril.
― Décidément, vous aimez les dates historiques.
― C'est effectivement le jour où le bon roi Henri IV signait l'édit de Nantes.
― Et ramenait la paix dans un royaume épuisé par les guerres de religion.
― Une paix cependant fragile.
― Nourrie de tolérance.
― C'est peut-être de cela dont je suis mort.
― Comment cela ?
― J'ai dû avoir peur de manquer de clients.
― Vous n'en manquerez jamais. Voyez comment je vous ai accueilli.
― Sans vraiment savoir qui j'étais, ni d'où je tenais mon infaillibilité de diagnostic.
― Je finirai bien par le savoir.
― À part moi, il n'y a qu'une personne qui en connaît le secret.
― Peut-être la rencontrerai-je ?
― Vous la rencontrerez. Mais il sera trop tard.
― Quel encouragement !
― C'est ainsi. Mais je connais un autre moyen, plus sûr et sans risque autre que celui d'une saine distraction.
― Cela pourrait me convenir.
― Sauf si vous n'aimez point rire et pas davantage écouter de la musique, qui plus est de mon siècle, telle que je l'ai ouïe au fil du temps.
― Ne me faites pas languir.
― Mon secret, vous en saurez plus en allant voir le spectacle « La Fraise ».
― Du « Strawberry consort ».
― Rien de plus logique.
― Une dernière question.
― Je vous en prie.
― Le petit-fils…
― Tel que je connais les deux artistes du consort, je m'attends à ce qu'un de ces jours, ils m'en donnent des nouvelles*.

* En effet, une quatrième création du Strawberry consort est en cours d'écriture pour une diffusion au plus tôt fin 2020.
Mais c'est un secret tel qu'un enchanteur du patrimoine se doit de garder quelque temps avant d'en faire un aimable et joyeux partage !

dimanche 25 août 2019

HB by HB - interview inédit d'Honoré de Balzac (1799-1850)

Le célèbre auteur du dix-neuvième siècle passe de la comédie au drôlatique.
www.hbbyhb.zumeurs.net

« Honnêtement, Honoré de Balzac, qu'est-ce qui vous a pris ?
— Une envie récréative, rien de plus . Avouez que cela est assez réussi.
— Je ne saurais dire le contraire. Mais quel changement dans votre écriture !
— Vous m'avez dit être passé chez George Sand, à Nohant. Vous y avez sûrement appris que j'ai bonne nature. Ce nouvel opus m'a reposé l'esprit.
— Et vous a changé de la rédaction de portraits peu flatteurs de votre siècle.
— Je n'ai fait que déplacer ma comédie humaine en des temps plus anciens, entre Moyen Âge et Renaissance. Vous aurez cependant remarqué que je n'épargne guère mes personnages.
— C'est sûr. Toutefois, sur un ton léger, plus exactement, truculent.

— Je n'avais pas, comme cela se développe désormais partout en France, de train pour voyager dans le temps. Quant aux pataches, je doute qu'elles aient un grand avenir, en dehors de courts trajets qui ne me mèneront pas jusqu'aux siècles d'antan. J'ai donc décidé de me fier à un bon guide, lui même infatigable voyageur et homme savant à la plume féconde. Vous ne manquerez pas reconnaître François Rabelais.
— Lequel grand écrivain vous a influencé jusque dedans la langue, quitte à perturber les lecteurs d'aujourd'hui.

— Ne pensez pas que j'ai seulement voulu imiter le grand maître. Cet exercice, qui m'a coûté force migraines mais aussi fous rires interminables, s'est imposé à moi comme une évidence. L'apparent manque de rigueur de la grammaire de Rabelais, et je ne parle pas de son orthographe aléatoire, moins contrainte que celle de mon temps, était en réalité une expression sublime de son aspiration extrême à la liberté. Emprunter sa faconde, jouer de la fluidité de ses mots, étaient pour moi la meilleure façon d'atteindre à la fantaisie que je voulais conférer à mon livre.

— Imaginez-vous ces contes que vous qualifiez de drôlatiques, repris par quelque conteur ?
— Je n'ai pas écrit dans le but d'une adaptation sur scène. Mais pourquoi non ? Cependant, si cela se produisait, je souhaite bien du plaisir à qui se lancera dans l'aventure. Car je ne lui aurai point facilité la tâche. Mais avez-vous eu vent d'un tel projet ?
— Au début du prochain millénaire, un certain HB…
— Il partage les mêmes initiales que moi. C'est un bon début . Mais poursuivez. Ça m'intrigue.

— Il a invité des personnages de vos contes drôlatiques pour les mêler dans des textes plus anciens, farces et fabliaux confondus.
— La belle idée ! Et c'est me faire honneur puisque quand j'ai écrit ce livre, je n'avais pour envie que me confondre en ces temps anciens. Mais a-t-il respecté les caractères forts des personnages, plus encore leurs travers qui peuvent éventuellement choquer des oreilles trop chastes ?
— C'est justement pour cette raison qu'ils sont à l'aise dans des fabliaux qui ne pas moins exubérants que vos contes.

— Mais ce HB, a-t-il trouvé sa place, au milieu de telles facéties ?
— Bien sûr. Faire un tel choix d'adaptation est déjà une empreinte non négligeable. Mais HB a voulu favoriser la drôlerie par une écriture vive et rythmée, nourrie de jeux de mots et d'assonances aussi riches que possibles, plus prompte à être partagée avec un auditoire.
— Il a donc osé l'écriture en vers ?
— Les alexandrins ne lui font pas peur.
— Je vois. Mais, ne sont-ils pas indigestes pour tout un chacun ?
— Le risque est moindre d'autant qu'à la façon de contes hérités de séculaires traditions péri-méditerranéennes, il a tenu à ajouter de la musique, laquelle apporte une contribution non négligeable à la drôlerie.
— Je n'imagine guère mes amis Franz (Listz), encore moins Frédéric (Chopin), tout virtuoses soient-ils, éclairer de leur génie quelque climat invitant au comique.
— C'est qu'après votre mort, à la bascule entre dix-neuvième et vingtième siècles, une musique particulièrement festive est apparue Outre-Atlantique, laquelle invite les pianistes à emprunter des chemins artistiques moins stricts.
— Si je comprends bien, mes écrits se promènent dans un curieux chahut des siècles.
— Bousculade qui mène, comme les orthographe et grammaire de François Rabelais que vous avez imitées, à plus de créativité joyeuse.
— Vous avez sans doute raison. Mais ce saut dans un futur que je connais pas a le don - léger cependant - de me chiffonner. Sans doute, un effet inconscient du poids des ans, de mon vivant et post mortem. Mais ce genre musical a-t-il un nom ?
— Bien sûr. Ça tient en trois lettres : rag.
— Je ne maîtrise point la langue anglaise, mais rag ne se traduit-il pas par chiffon?
— N'avez-vous pas dit que cela vous chiffonnait ?
— C'est donc que tout est cohérent. Mais ce HB, vais-je m'entendre avec lui ? Et comment a-t-il appelé son spectacle si telle est la finalité de son propre travail ?
— Le spectacle s'appellera vraisemblablement « HB by HB ». Quant à votre entente, je ne peux présumer de vos caractères respectifs. Je suis toutefois optimiste surtout si l'on se fie à un proverbe que vous connaissez forcément : « Les bons contes font les bons amis ».
— Je ne peux donc plus rien ajouter.
— Au revoir, Honoré de Balzac.
— Au revoir, … ?
— Hervé Berteaux.
— J'aurais dû m'en douter. Euh… un dernier mot.
— Oui?
— Bonne chance ! »

dimanche 18 août 2019

L'aurore d'Aurore

La genèse d'un spectacle tient souvent à peu de choses, suivies cependant par un travail conséquent.

La maison d'Aurore, spectacle du duo IH! en hommage au verbe de George Sand et aux notes de Frédéric Chopin, en est une belle illustration.

Évidence

Tout est venu d'un geste, d'un beau geste. Celui d'Isabelle de Vaugiraud, pianiste émérite, titulaire de plusieurs prix internationaux, et avant tout merveilleuse pédagogue.

Un jour de printemps, j'entre chez elle, légèrement en avance. Elle termine un cours avec un jeune élève. Peu de mots, mais des mots précis et surtout un poignet et des doigts qui s'envolent doucement du clavier pour sublimer un ultime accord. La musique est là dans une magie que les mots qui pourraient la décrire, ne me viennent pas. Le cours s'achève sur cette harmonie du corps et des notes.

Déclic

Je suis convaincu. Nous devons travailler ensemble.

Une partition de Frédéric Chopin a l'heur d'entrer dans mon champ de vision. L'association avec George Sand est subite, d'autant qu'elle a habité quelque temps non loin de chez moi, à Barbaste (47). Je suis cependant conscient que cette association n'a rien d'original. Beaucoup de duos pianiste-récitant hantent les festivals romantiques avec un programme qui s'en inspire et qui alterne texte et musique. Mais l'idée est déjà si tenace que je n'ai plus qu'à trouver autre chose qu'une énième alternance.

Puisque je suis musicien autant qu'assembleur de mots, je trouverai dans la fluidité de la langue superbe de George Sand, une continuité de climat dans l'œuvre de Frédéric Chopin dont Isabelle a une bonne connaissance. Je lui soumets l'idée. Elle se montre autant passionnée que moi-même et le café est froid quand la discussion enthousiaste accorde enfin une pause.

Recherche

Je me mets, comme j'en ai l'habitude, à assembler toutes documentations sur l'auteure. Je suis évidemment surpris par l'immensité de l'œuvre en laquelle je dois opérer des choix pour trouver la bonne couleur pour le spectacle.

Après avoir lu plusieurs romans, voire relus concernant ceux inscrits dans ma mémoire d'ancien collégien, Mare au diable et petite Fadette en premier, je m'oriente surtout vers ses correspondances.


La raison en est simple. Dans un échange épistolaire, la langue est spontanée et ne connaît pas de corrections comme en tout œuvre destinée à être imprimée. Déjà des images s'imposent, des paysages que les mots de l'auteure ont imprimées sur ma rétine.

Synopsis

Le spectacle prendra place à Nohant et dans les campagnes alentours. Sans renier ses frasques et ses passions avec des personnages tels qu'Alfred de Musset, je préfère honorer George Sand dans sa sérénité berrichonne qu'elle décrit à la perfection, équilibrant à merveille la bienveillance et toute absence de complaisance.

Je devine trois parties. Puisque les correspondances sont abondantes et qu'elles ne sont pas orphelines de réponses, j'inviterai ceux qui furent proches de George Sand, au point de séjourner à Nohant.

En deuxième partie, les mêmes convives iront en excursion dans un Berry et des campagnes où la modernité s'autorise du temps avant de s'imposer.

Enfin, en troisième partie, la maîtresse des lieux n'oubliera pas ceux au milieu desquels elle vit, celles et ceux qui servent dans sa demeure, ceux qui composent avec une fierté farouche le digne peuple du Berry.

Des mots, des notes

La musique suit de près le texte qui avance vite sous le clavier, pressé qu'il est de sortir après avoir longuement mûri dans ma cervelle en ébullition. La proximité avec Isabelle permet de fréquentes lectures. Elle me surprend par sa promptitude à trouver dans l'immense répertoire de Frédéric Chopin, les pièces qui font corps avec les paragraphes que je lui propose.

J'apprécie que ses choix évitent l'écueil habituel de ce genre d'exercice, celui de la paraphrase. Mon envie d'écrire en est d'autant confortée et bientôt, une première ébauche est disponible.

Me reste à trouver un fil conducteur.

Celui-ci vient rapidement. Il déroge à certaines règles en usage dans tout bon spectacle conventionnel. Mais je n'en dirai pas plus pour ne point gâcher le plaisir de futurs spectateurs.

Surprise et confiante, Isabelle, avec qui la fusion artistique croît tranquillement au fur et à mesure de nos lectures et répétitions, me formule son accord.

Confirmation

Il reste une ultime étape avant que le spectacle soit finalisé et présenté aux premiers publics. Je m'offre une escapade en Berry. Je visite Nohant et les campagnes qui ont inspiré de belles envolées de plume. Je vais même grimper sur les Pierres Jaumâtres.

Je suis soulagé. Mon écriture est cohérente et ne requiert de ma part que de menues corrections qui ne remettent pas en cause le travail de sublimation des mots et des notes entrepris avec Isabelle de Vaugiraud.

La première

La chance est avec nous et c'est dans un jardin, sous l'ombre généreuse d'un bel arbre que la première s'effectue. Le journaliste présent écrit peu après qu'avec un tel spectacle, littérature et musique classique n'ont plus aucune raison d'effrayer le moindre quidam.

J'apprends aussi que le libraire local s'est vu commander des livres de la bonne dame de Nohant. Rien ne peut me faire plus de plaisir.

Évolution

La maison d'Aurore poursuit tranquillement son chemin d'aventure scénique. Des nouveaux textes sont ajoutés, des musiques aussi, selon les découvertes et autres secrets que George Sand nous livre de temps à autre.

Ainsi chaque représentation garde le goût inégalable de toute création.

mardi 6 août 2019

Autopsie d'une co-errance

Dans l'idée d'enchanter un site, avec ou sans thème, il est indispensable d'effectuer des repérages, surtout quand il y a de l'itinérance dans l'air. Profitons de la balade contée du 7 août 2019 à La Romieu dans le Gers (soit au lendemain de parution) pour prendre exemple.

Sécurité et confort

La première règle à respecter est celle de la sécurité et du confort du public.

La Romieu est un village jacquaire pittoresque de plus en plus fréquenté avec pour conséquence des afflux de voitures, notamment sur la départementale qui le traverse. Tenant compte de ce paramètre, mon tracé ne comporte que deux passages d'une route vicinale à trafic limité où les voitures roulent lentement.

Pour le confort, le contournement sud du village s'effectue sur un chemin rural qui a été aménagé, notamment avec un drainage qui évite tout risque de boue et qui n'implique pas de restriction pour les chaussures (je suis plus strict pour de véritables randonnées contées de plusieurs kilomètres où je suis en outre assisté d'au moins un accompagnateur recruté par les organisateurs). Pour les rues du village, les revêtements sont récents et de belle facture.

Enfin, un lieu de repli (cf chapelle médiévale sur le plan ci-dessous) est prévu en cas d'intempérie intempérante.

Le travail d'enchantement

Maintenant que le public peut évoluer en toute sérénité, je peux enfin accorder mes interventions aux différents points que j'ai sélectionnés.

Le départ est choisi au niveau de la borne de raccordement des deux voies des chemins de saint Jacques (celles du Puy-en-Velay ou via podensis et de Rocamadour). Après un bref rappel pour contextualiser le pèlerinage et les deux voies, je propose le premier épisode d'un récit qualifié logiquement de conte-randonnée. Celui-ci nous accompagnera jusqu'au bout de la balade.

Les autres étapes sont choisies notamment pour le panorama offert sur le village, en des lieux que le badaud n'a pas toujours l'opportunité de découvrir par lui-même. À la contemplation depuis ces points de vue, s'ajoutent contes et miracles en concordance avec ce que la vue suggère. Je veille aussi à alterner textes poétiques, facétieux, tragiques… pour retenir l'attention et satisfaire les un.e.s et les autres.

En fin de parcours, la chapelle me permet de proposer un petit concert surprise avec deux ou trois instruments méconnus et rares du Moyen Âge (tympanon, harpe de ménestrel, flûte de corne) avant un final à la cornemuse tout aussi médiévale et une histoire qui a pour conséquence une éventuelle poursuite des échanges créés entre chaque étape à une des terrasses de la place de La Romieu (La notion d'échanges pendant les phases de marche permet aux plus réservés de poser des questions sans peur de parler devant tout le monde).

Collaborations futures ?

Ce travail plaisant s'organise en tout lieu et en diverses circonstances.

J'interviens, soit seul, soit en compagnie d'autres artistes professionnels, le nombre de ces derniers résultant d'un équilibre subtil entre potentiels culturels du site et impératifs budgétaires.

La bonne préparation de tout projet permet en outre - si le délai est suffisant - d'inclure des légendes locales et de mieux intégrer mon intervention.

dimanche 4 août 2019

Cornamuse n'est point faute…

Non, non, la cornamuse, instrument de musique de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, n'est point le résultat de quelque égarement orthographique ou d'une faute de frappe sur les claviers contemporains.

Cet instrument au son si particulier, doux mais volontiers nasillard voire comique quand et tant il surprend par ses écarts sonores, joue cependant de la confusion avec la cornemuse avec un fonctionnement assez proche.

Les notes sont émises avec une anche double (deux lames de roseau accolées l'une contre l'autre), laquelle n'est point jouée directement en bouche comme sur un hautbois (bois qui sonne haut !).

Alors que l'anche est enfermée dans un sac concernant la cornemuse, c'est une capsule de bois qui la protège pour la cornamuse.

Dans les deux cas, le roseau vibre sous la pression de l'air, laquelle est fournie par appui sur le sac (cornemuse) ou en gonflant les joues (cornamuse).

Ce mode d'émission limite le nombre de notes ou ambitus, ce qui explique partiellement sa destinée courte dans l'histoire de la musique.

En son temps, cependant, cet inconvénient majeur était éludé par le jeu de répertoires adaptés et surtout par la fabrication de cornamuses de diverses tailles afin de disposer a minima d'un set satisfaisant aux quatre pupitres repris dans les chorales : soprano, alto, ténor et basse pour jouer in fine, soit en famille, soit mêlés à d'autres sonorités en concert brisé (broken consort).



Les cornamuses dont je dispose sont de deux facteurs différents.

La plus ancienne est signée Wood sous le nom de Glastonbury pipe provenant de Early Music Shop (Great Britain).

Les deux plus récentes arrivent tout droit des ateliers de Grzegorz Tomaszewicz (Pologne). Les cornamuses prennent place essentiellement dans les répertoires du Strawberry consort et dans mes performances solo sous le nom de Chemins de flûtes.

samedi 3 août 2019

Enchanteur du patrimoine ?

En osant le terme d'enchanteur, je conviens que des explications s'avèrent indispensables.
Celles évoquées ci-après n'excluent pas de ma part, de répondre à toutes questions ou demandes de renseignements. N'hésitez pas !

J'écarte d'emblée toute notion ésotérique et encore plus les dérives que cela entraîne parfois. Tout au plus, je risque et revendique le terme de magie tant celle ci est réelle quand, par exemple, un son émis par quelque instrument dont je joue dans une nef d'église ou de chapelle m'est restitué avec un embellissement tel qu'il incite au rêve et fait oublier tout rationalisme quand aux propriétés physiques du lieu.

L'enchantement, tel que je l'envisage, nécessite une préparation préalable afin que ma complicité avec le lieu soit optimale et que mon intervention ne se résume pas qu'au seul placage de pièces musicales ou de récits, certes plaisants à ouïr, mais pas en totale adéquation et donc moins enclin à émouvoir les spectateurs.

En ayant accès à des éléments d'histoire, voire d'histoires et de légendes attachées au site, mon approche artistique est plus cohérente avec les murs qui me prêtent leur écho. Cela conforte également ma motivation à partager, tel un devoir irrépressible mais non contraignant, en réponse au privilège qui est mien de faire métier de la découverte des richesses du patrimoine.

Ainsi récemment (31 juillet 2019), ai-je pu en solo faire résonner musicalement l'abbaye de Flaran, grand site d'Occitanie dans le Gers.

Fin juin, la compagnie de cinq jeunes talents des ensembles Joglar et Vagarem m'a également permis de faire vibrer les voûtes du prieuré de Graville au Havre (76), en mêlant aux notes sublimes des polyphonies médiévales, des récits et miracles de pèlerins que je reprendrai seul le 7 août lors d'une balade autour du merveilleux site de La Romieu (32), invitant le public à ressentir la notion d'itinérance en la pratiquant par eux-mêmes au cours d'une co-errance offrant en outre des vues inhabituelles sur le village.

Cette expérience a aussi été réalisée l'an passé sur de vraies randonnées "miraculeuses" sur le chemin de Compostelle, de la cathédrale de Condom jusqu'à la cité médiévale de Larressingle, dans le cadre de la commémoration des vingts ans du classement par l'Unesco de la « via podensis » ou chemin du Puy en Velay.

Ces exemples montrent que selon les sources locales, beaucoup de prestations originales sont concevables, avec un effectif variable (de 1 à 6 artistes) répondant à tout budget, même serré de quoi susciter aussi pour tout trésorier un bel enchantement !

vendredi 2 août 2019

La Gazette de Zumeurs devient blog "on line"

 À compter de ce jour, « La Gazette » à qui je confie infos et z'humeurs à l'endroit de mes préoccupations professionnelles adopte le format d'un blog complémentaire du site officiel www.zumeurs.net.

Ainsi chers lecteurs, régulier ou visiteur venu par hasard, toutes et tous évidemment bienvenu.e.s, pourrez-vous désormais lire à meilleur escient les mots que la pie ou « gazetta »  a coutume de voler en le mien esprit, y ajoutant parfois d'autres supports pour échanger avec vous.

Échanger ? Ou plus exactement partager, c'est le confort qu'offre le blog en accueillant vos remarques et réactions. Évoluant vers ce support, j'ai le souhait que nos expressions soient libres avec toutefois, pour y cultiver bienveillance et clarté des propos, la réserve que la langue pratiquée y soit courtoise et de belle facture, sans gênes visuelles dues à des trop-pleins de fautes. Je fais exception des bons mots et autres calembours, lesquels détendent les zygomatiques et démontrent par l'absurde toute la richesse de la dite langue.

Exemple d'échange, je présenterai progressivement, article par article, les instruments de musique dont mes amis et moi jouons lors de nos interventions. Si précis serai-je, il y aura bien quelque omission de ma part, induisant question en retour, puis réponse au sein des divers blogueurs concernés.

Sans parler de communauté, mot qui peut effrayer ou rebuter, nous rendrons-nous service ou pour le moins plus avisé et plus savant puisque le partage des savoirs a pour vertu d'enrichir toutes et tous sans déposséder la moindre personne.

Vous l'aurez compris, « La Gazette » prend un nouvel envol, me défie en affirmant sa volonté de m'échapper, au nom d'une liberté que je revendique en ma complexion d'artiste. Je ne peux donc conclure ce premier opus que par optimisme, opposant à ma compagne voleuse et voletante que
je ne la suivrai jamais de pie en pis !