dimanche 18 octobre 2020

Caminando, tierce étape sur les chemins…

Épisode 3 - Spectacle et émotion : une librairie associative à Larressingle (32)
#livres #bouquins #documentation #Larressingle #Gers #médiéval #conte #légende
Précédents chemins d'inspiration : 2 1
Dans un précédent article, je vantai les bouquinistes et les trésors au sein desquels je puise moultes connaissances pour me conforter dans l'écriture et la conception des spectacles. Je complète aujourd'hui ce propos par un autre vecteur d'inspiration, qui mêle le réel et le subjectif, dans une librairie tout aussi précieuse et indispensable, car notamment sise dans l'étonnante citadelle médiévale de Larressingle, dans le département du Gers.
Magie du lieu
Il suffit de passer le pont chantait George Brassens pour que naisse l'aventure.
Sans qu'il soit question de tenir jupon, ni de quelque sentiment fripon comme le suggérait le poète, on ne peut qu'être aussitôt emporté au Moyen Âge, par le seul franchissement de l'unique accès au village. Celui-ci est constitué en son centre d'un ancien château-fort, d'une chapelle et de quelques maisons, encerclés et protégés par d'épais et hauts remparts, transformés peu à peu en habitations, et d'une douve aujourdhui à sec.
Par bonheur, le site est dépourvu de tout véhicule à moteur sauf d'exceptionnels engins municipaux pour des services locaux. Dès les premiers pas intra muros, je sais que l'histoire que je suis appelé à partager, en l'occurrence, le grand conte initiatique des trois oranges, que j'avoue avoir revisité à ma façon, sera en parfaite adéquation avec les souvenirs et autres vibrations et énergies subtiles que contiennent en leur for les pierres indigènes.
Autre magie : l'échoppe de la librairie Caminando
Il ne faut guère de temps pour arriver face à l'échoppe où se tient la librairie associative appelée Caminando dont le nom rappelle à juste titre le très proche chemin de saint Jacques, autrement nommé via podensis car provenant du Puy-en-Velay (les technocrates contemporains l'appellent GR65😊).
La maison est à l'aune du village, à savoir, avec ses pierres apparentes, ses poutres massives, ses fenêtres à meneaux, elle ajoute au voyage temporel y mêlant toutefois une autre invitation à des évasions plurielles, celles de tous les ouvrages qui sont proposés.
Le summum de la félicité est cependant atteint avec la volonté des membres de l'association qui gèrent le lieu. On y ressent, sitôt entré, que l'un des maîtres-mots est bienveillance, laquelle passe, parmi d'autres voies de sagesse, par celles du conte.
Je n'ai donc aucun doute quant au bien-être à venir des personnages de mon conte.
Ne reste qu'un seul paradoxe qui n'est pas l'apanage de ce seul lieu et qui, personnellement, me fait toujours sourire : la défense du livre, ô combien nécessaire, passe souvent par le conte, pratique qui découle pourtant de l'oralité (d'où le vilain mot parfois entendu d'orature 👉 ô rature ?).
J'avoue in fine contribuer à ce paradoxe puisque j'ai commis quelques livres, désormais présents à Caminando au sein desquels j'ai semés des contes recueillis çà et là.
Sans doute est-ce le résultat de ma confusion phonique entre co-errrance et cohérence. Allez savoir…
l'autre affiche du spectacle

dimanche 4 octobre 2020

Autre étape sur les chemins…

Épisode 2 - Spectacle et émotion : les bouquinistes !
#livres #bouquins #documentation #Agen #médiéval
Précédent chemin d'inspiration : 1
La conception de mes spectacles repose sur un travail conséquent de recherches dans les archives musicales et littéraires, manuscrites quand elles sont médiévales, imprimées à partir du seizième siècle mais…
D'où vient l'idée d'un spectacle ?
Je n'ai pas de réponse précise. Certains thèmes me hantent depuis toujours, tels ceux de l'errance et des chemins. D'autres s'imposent, avec fulgurance ou, opiniâtres, en décoction lente, au hasard d'un mot, d'une image, d'un son qui se présentent à moi et les déclenchent, sans que je les ai cherchés. Je confesse toutefois les provoquer de temps à autre lorsque j'emprunte du temps pour oser le perdre en des lieux réels ou virtuels, où il fait bon vivre pour des connaissances de toutes sortes.
Cela commence en ouvrant au hasard une page de dictionnaire ou d'encyclopédie, en laissant errer le regard sur une carte géographique, pour remonter le cours d'une rivière, suivre le tracé d'une voie de chemin de fer, ou m'émerveiller d'un nom charmant, éventuellement disparu sur les éditions les plus récentes et auquel s'attache une légende ou une anecdote qui ne demande qu'à être réveillée.
Il n'y a rien de rationnel en tout cela même si ces recherches improbables se font de plus en plus souvent devant un écran relié au monde par internet. Que ne suis-je souvent connecté à des bibliothèques et autres lieux de savoirs autrefois inaccessibles et désormais ouverts à ma curiosité vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Mais, appréciant grandement ce réel progrès, je n'en oublie pas pour autant des échoppes qui me sont chères, celles des bouquinistes.
Dès la Renaissance (XVIe siècle), les colporteurs se sédentarisent au bord de la Seine pour le plus grand plaisir encore actuel des touristes et badauds.👉
👈 Dans l'antre des Utopiques à Agen.
La quadruple fonction d'une librairie-bouquiniste :
- premièrement, celle de la découverte en des jours où je ne cherche rien, jours probables pour me laisser hameçonner par un sujet qui deviendra peut-être spectacle ou autre vecteur de mes partages ;
- deuxièmement, celle de la recherche pour un nouvel opus, éventuellement conséquence directe des curiosités évoquées précèdemment.
- troisièmement, celle de la restitution d'ouvrages qui ont trop longtemps dormi sur mes étagères et qui seront plus utiles en d'autres mains ;
- enfin, quatrièmement, pour y présenter lectures et spectacles, comme ce sera le cas vendredi prochain, 9 octobre 2020, à 18h30, à la librairie au nom aussi pertinent que plaisant : "Les utopiques".
Émotion !
Certes, entre les livres, la jauge accordée au public est moindre à celle d'une salle dite de spectacle. Mais les mots que je partagerai y seront plus à l'aise, comme en famille, car faisant écho à ceux des milliers d'ouvrages présents sur les rayonnages. De même, serons-nous au plus près des auteurs présents, toutes époques confondues et réunies, tout cela grâce à la bienveillance de l'indispensable gardien des lieux : le bouquiniste !

vendredi 2 octobre 2020

Sur les chemins…

Épisode 1 - Condom, juin 1333 : un pèlerinage comme sentence de justice.
#pèlerin #pèlerinage #chemin #Condom #Rocamadour #médiéval
Chemin suivant : 2
La conception de mes spectacles repose sur un travail conséquent de recherches dans les archives musicales et littéraires, manuscrites quand elles sont médiévales, imprimées à partir du seizième siècle.
Alors que nous - The Strawberry consort - commençons à répéter le programme Chemins d'étoiles pour être fin prêts en 2021, année jacquaire, je trouve à deux pas de chez moi, toutefois en remontant les ans jusqu'en 1333, un fait divers qui se conclut par un pèlerinage.
Ce jour, comparaît au tribunal de Condom, Arnaud de Revignan, co-seigneur de Ligardes, accusé d'avoir envoyé ses gens régler son compte à Vital de Garros, un habitant de Condom, après que celui-ci ait blessé un ami du prévenu.
Faut-il le préciser, les sbires d'Arnaud de Revignan ont exercé une vengeance pour le moins disproportionnée puisque la victime a été retrouvée morte, le corps transpercé d'un coup de lance.
En outre, post mortem, la victime a eu la main tranchée, car coupable - mot qui prend laconiquement tout son sens - de l'agression de l'ami du co-seigneur.
Durant le procès, devant les juges et un jury composé d'habitants de Condom, Arnaud de Revignan plaide l'innocence.
Des témoins se succèdent à la barre. Aucun n'apporte de preuves tangibles. Reste alors dans les esprits un doute que seul peut lever Dieu, au nom duquel est rendue la justice en ce siècle médiéval.
C'est pourquoi, il est demandé au prévenu, outre une peine pécunaire, de se rendre en pèlerinage à Rocamadour, pour y implorer la vierge noire.
Arnaud de Revignan estima s'en tirer à bon compte puisqu'il ne fit point appel et accomplit sa peine.
Prudent, il compléta la probable absolution reçue à Rocamadour, par une requête auprès du roi Philippe VI de Valois qui se traduisit concrètement par une attestation d'accomplissement des peines, dûment inscrite dans les registres de la chancellerie royale. Arnaud de Revignan avait déjà compris que si la parole - même de bonne foi - a beau être sacrée, rien ne vaut un acte officiel !
Zone d'ombre, il n'est point fait mention des exécuteurs, lesquels - faute de quelque titre de noblesse les protégeant et sous réserve qu'ils furent identifiés - eurent probablement à subir des peines moins clémentes selon les douceurs que l'on savait alors prodiguer en place publique.