samedi 21 décembre 2019

Enchantement ou an chahuté ?

L'enchantement lié à l'an nouveau, la renaissance tant attendue et généralement vite oubliée de toutes bonnes et saines résolutions ont actuellement de quoi être tourneboulés en nos esprits et cervelles.

Toutefois, ces enchantement et renaissance ne sont point, dans les propos à suivre, sujets ou prétextes à de quelconques rebondissements quant aux péripéties politiques contemporaines afférentes à la réforme des retraites.

Si retraite, il convient de parler, c'est de celle que je vous invite à opérer le temps du présent article pour gagner un siècle où s'affirma justement en religion celle que l'on disait de la Réforme.

Décidément, les mots sont tenaces !

Ne reste plus qu'à rechercher l'enchantement, celui précisément du nouvel an, maintenant que nous sommes arrivés en l'an 1560.

Cette année là, suite au décès de son père François II, le 5 décembre, et sous la régence autoritaire de Catherine de Médicis, Charles IX, âgé d'une dizaine d'années, prend place sur le trône de France.

Réforme oblige, le royaume est en proie à de nombreux troubles qui opposent catholiques et protestants. Ces derniers, à force d'être la cible de massacres (tels ceux de Cahors et de Wassy), décident de réagir avec une égale violence. Ainsi débute en mars 1562, la première guerre de religion qui se conclut un an après par l'édit d'Amboise, dit de pacification.

Fort de cette paix relative, le jeune roi, désormais libéré de la tutelle de sa mère - laquelle opiniâtre reste cependant très influente - entreprend sur son conseil un tour de France afin d'en connaître les provinces. Le roi voyage du 24 janvier 1564 au 1er mai 1566, célébrant ainsi le nouvel an à plusieurs reprises. Reste cependant à en définir la date ou plus exactement les dates.

Car c'est seulement au premier janvier 1567, que sont appliquées les dispositions administratives conséquentes aux édits de Saint-Germain (janvier 1563) et de Roussillon (août 1564) visant par la loi (entérinée en décembre 1564) à l'uniformisation d'un nouvel an fixé à jamais au premier janvier, en imitation à la règle déjà appliquée depuis 1540, dans le Saint-Empire Romain Germanique, alors sous l'autorité de Charles Quint.

Au cours de son périple, Charles IX constate effectivement que le nouvel an prend place, selon les contrées visitées, soit le 1er ou le 25 mars, soit à Pâques, date fluctuante entre mars et avril, soit à Noël.

Le premier janvier ne devient réellement universel dans le monde catholique qu'en 1582 avec la décision papale d'instaurer un nouveau calendrier de référence, celui dit grégorien, en hommage au souverain pontife éponyme, Grégoire XIII. (Entre temps, en 1574, Henri III a pris la succession de son frère sur le trône de France).

Plus conforme à l'adéquation des mouvements relatifs de la terre et du soleil, tenant compte d'une révolution annuelle ne reposant pas sur un nombre exact de jours*, ce calendrier impose désormais presque** tous les quatre ans, une année dite bissextile qui par l'ajout du 29 février, comporte 366 jours.
* 364,2425 jours environ.
** Les années 1700,1800,1900 sont restées à 365 jours.

Autre décision à effet immédiat pour rattraper les retards engendrés par l'imprécision du calendrier julien qui précédait , le nouvel an de 1582 se retrouve anticipé puisque l'année 1581 est raccourcie de dix jours, avec un mois d'octobre passant directement du jeudi 4 au vendredi 15.

Pour conclure, quelle que soit la date qui fut, qui est et qui sera, je vous assure de la pérennité de mes vœux les plus sincères et les plus chaleureux pour l'année à venir, avec force santé, bonheur et ce qu'il faut pour vivre en bel enchantement !

dimanche 15 décembre 2019

Chanter et être enchanté par Lo dolze Bambino

Et si Noël nous apportait un peu de douceur à la façon italienne ?

Conséquence collatérale des neuf guerres d'Italie, lesquelles engagèrent les rois de France de 1494 à 1546, (Charles VIII en fin de règne, Louis XII puis François Premier), il y a un évident engouement pour les arts renaissants en provenance de la péninsule.

Maîtres et œuvres circulent dans toute l'Europe, à destination de diverses cours royales où monarques et grands princes se constituent d'immenses collections dont profitent aujourd'hui nombre de musées prestigieux dont en France, le Louvre, où une certaine madone suffit à elle seule à attirer la foule par son sourire énigmatique.

Plus discrètes, mais toutes aussi exceptionnelles, les compositions musicales - à défaut d'être enregistrées acoustiquement - sont diffusées par l'entremise des manuscrits et des toutes premières impressions (à Venise dès 1501) que conservent aujourd'hui les bibliothèques dont celle parisienne dite nationale.
Numérisés, ces documents précieux mais fragiles, autrefois difficiles d'accès pour mieux les préserver, sont désormais consultables en ligne, notamment sur le site www.gallica.fr - Si la réplique sur écran n'émeut pas autant que d'être en présence de l'original, elle apporte cependant l'essentiel, y compris pour célébrer Noël.

Dans le manuscrit côté "F-Pn Cons. Rés. Vm7 676", qui fut copié soit à la cour de Mantoue, soit à celle de Ferrare, trouve-ton parmi la bonne centaine de pièces, un charmant chant de Noël en duo qui célèbre la venue du dolze bambino.

La mélodie est touchante, un brin naïve et porteuse d'émotion simple, comme un ultime cadeau qui m'est réservé en cette fin d'année en ma quête incessante de découvertes des beautés du patrimoine.

En bon enchanteur qui se respecte, j'en partage volontiers céans la connaissance.

Peut-être ce chant atténuera-t-il - puisque la musique est censée adoucir les mœurs - toutes tensions nées au cours d'une année intense, tant celles de 1502, dans une Europe déchirée par la troisième guerre d'Italie, que les nôtres plus contemporaines, lesquelles pourraient nuire actuellement à la sérénité de quelque voyage entre Italie et France.

Ainsi vous souhaité-je de belles fêtes de fin d'année, impatient cependant de poursuivre à l'an qui vient toutes aventures au cœur du patrimoine que je ne manquerai point vous décrire.
fresque de Fra Filippo Lippi réalisée de 1467 à 1469 dans la cathédrale de Spolète
Bien à vous,
Hervé.