samedi 29 août 2020

Table des rubriques

Table provisoire…
#sommaire #blog #passé #siècle #médiéval #renaissance #gasconnade #sonnets #rimes #poésie #alexandrins
Il est grand temps de me soucier, manière de ménage d'automne, de classer les quelques rubriques que j'ai mises en route depuis un certain printemps confiné (2020), certaines sérieuses ou qui essaient de l'être, d'autres qui sont d'une nature plus facétieuse, et enfin des articles que m'inspirent mes z('h)umeurs du jour.
Sur fond de couleur bleu clair, Un emprunt au passé renvoie à des sujets que je trouve, plus au moins au hasard, lors de mes recherches d'archives en vue de nourrir de prochains scénarii et spectacles (cf www.zumeurs.net) ou articles qui me sont commandés.
Sur fond de couleur orange clair, Gasconnade met à l'honneur les traits d'esprits mais aussi les démonstrations de mauvaise foi dont sont capables les #Gascons depuis la nuit des temps, et bien avant qu'Alexandre #Dumas leur consacre généreusement sa plume.
Désormais sur fond grisé et initié comme exercice quotidien d'écriture en vers pendant le confinement, Les Confisonnets rebondissent sur tout et n'importe quoi et tentent de toujours retomber sur leurs douze pieds et quatorze vers.
Autre distraction né au printemps, Le voyage du confiné n'est que facétie inspirée par des communes dont le nom incite aux calembours, sans acrimonie ni moquerie à l'égard des habitants. Chaque voyage est illustré à minima par une carte postale choisie parmi les plus anciennes disponibles.
Sans oublier au jour le jour, de précieuses infos et d'improbables errances sur les pages de Facebook

jeudi 27 août 2020

Saint Hubert et la châsse - GasCondomnade ?

Gasconnade n°5
#Gascon #Gascogne #Condom #Ténarèze #Hubert #Cartouche #1726 #covid #guérison #miracle #croyance #superstition
En ces temps d'incertitude covidiennes et quotidiennes, où, plus que jamais, les gestes barrière et autres précautions sanitaires sont fortement conseillés quand ils ne sont pas imposés, il n'est pas déplaisant de jouer sur une autre distance, celle du temps ; celui où l'on croyait encore aux miracles que d'aucuns appellent aujourd'hui effet placebo, crédulité, naïveté, foi, etc. selon tous degrés de discernement en usage.
8 juin 1726, selon un aimable chroniqueur, Condom reçoit un personnage prestigieux, lequel se réclame de l'ordre des chevaliers de saint Hubert, nanti de surcroît de multiples titres et fonctions honorifiques dont celle d'abbé dans les Ardennes, chapitrant au moins cent-cinquante moines.
L'illustre quidam est porteur d'une relique du saint éponyme qu'il dépose au couvent des cordeliers pendant qu'il va s'installer pour le temps qu'il faudra à l'hostellerie du Chapeau rouge.
La nouvelle ne met guère de temps à gagner la cité, intra-muros et au-delà des murs, et ce sont bientôt, arrivant en masse de toutes rues et de toutes campagnes alentours, qu'affluent vers le couvent, malades, fidèles et inévitables curieux afin de se recueillir sur la relique, la prier et surtout l'implorer dans l'espoir de force guérisons.
La foule est si importante, environ vingt mille dit-on, qu'il convient de faire ranger les un.e.s et les autres en trois rangées bien ordonnées et sur des centaines de mètres.
Bien évidemment, le chevalier se prête au jeu. Ayant protégé la relique dans une étole qui tient lieu de châsse, il laisse toucher cette dernière par chaque malade, invitant celui-ci à prier avec ferveur saint Hubert dans l'espoir d'une soudaine intercession. De même, il ne manque pas rappeler à chaque fois, la devise "Je te touche, Dieu te guérisse".
Croix de l'Ordre de saint Hubert
Les témoignages recueillis lors de ces pieuses séances sont élogieux et clairs, dont celui-ci :"Que ne vit-on d'estropiés repartir sans leur béquille et sans la moindre claudication".
Fort d'un tel succès, le chevalier séjourna quasiment une semaine avant de poursuivre sa tournée que j'ose qualifier de "triomphale".
Mais pourquoi avoir choisi Condom ? Nul ne le sait précisément. Il est dit cependant que dans l'ordre de saint Hubert, il est convenu d'une tournée à accomplir une fois par siècle pendant une durée de trois ans, ce qui laisse le temps de visiter toutes contrées dont la Ténarèze.
À ces fins, les rois accordent volontiers droits de circuler et d'agir, attendu le pouvoir de guérison qui est reconnu aux chevaliers par simple contact, tant à l'endroit des humains que des animaux.
Évidemment, il y a toujours des esprits chagrins qui proposent une autre vérité. On les dit, selon les siècles et éléments de vérité qui sont les leurs : lanceurs d'alertes, complotistes, journalistes d'investigation, toutes sortes de charlatans et de beaux parleurs, sans oublier ce qui me concerne directement et au titre de la mauvaise foi qui leur sied pour narrer à leur convenance et que je revendique joyeusement, les conteurs.
Selon cette horde dubitative, le personnage qui honora Condom de sa présence fut un imposteur, probable ancien membre de la bande du bandit Cartouche, dont les principaux miracles étaient surtout d'alléger chaque citoyen, non de quelque charge pondérale, mais du poids de sa bourse. En somme, ils guérissaient d'un vice qui rend souvent malade, même à faible niveau : la richesse.
À l'heure où j'écris, nul ne précise encore si, pendant sa semaine condomoise, le désormais vrai ou faux chevalier sollicita dons et prébendes en échange de ses bons soins.
Il est vrai qu'en terme de générosité, la discrétion est conseillée, sauf à vouloir en tirer gloire et arrogance. Elle l'est plus encore quand le vertueux a le souci de cacher qu'il s'est fait littéralement berner par une gasconnade de grande envergure.
C'est pourquoi le débat de saint Hubert et de la châsse est loin d'être achevé, surtout pour ceux qui n'ont plus aucune considération pour les accents circonflexes.
La châsse étant ouverte… « N'hésitez pas à réagir ! »

dimanche 23 août 2020

Un emprunt au passé 5

Épisode 5 - Ça sent la fin du monde ! Un point de vue du XIVe siècle
#nature #environnement #écologie #société #collapsologie #Deschamps #poésie #ballade #médiéval
Précédents emprunts : 1 - 2 - 3 - 4
Dans la même logique quelque peu pessimiste du précédent article, je remonte encore plus loin dans le temps pour rencontrer Eustache Deschamps, un poète qui n'est pas toujours tendre avec les puissants de son temps au point d'avoir quitté leurs cours et gagner ainsi en liberté d'expression.
Il laisse à la postérité une œuvre colossale dont la plus grande partie est conservée dans le manuscrit FR 840 (Bibliothèque Nationale à Paris), un pavé de presque six cent folios soit mille deux cents pages !
La ballade qui suit (n°1493 dans le manuscrit), malgré une forme que certains jugeront désuète, a néanmoins quelque chose de prophétique, démontrant - s'il en était encore besoin - que plonger dans les écrits anciens (merci internet qui en facilite l'accès) n'est pas un abîme où fuir, mais au contraire une source précieuse pour alimenter toute saine et sereine réflexion et aborder en toute philosophie - optimiste ou pessismiste selon nos respectives et intimes approches -, le monde d'aujourd'hui et plus encore ceux de demain.
nota bene : dans la mesure où le texte original est fort lisible, pour nous autres qui, théoriquement, avons été nourri.e.s à l'École de la République et, à ce titre, maîtrisons grammaire et orthographe ; je ne résiste pas à livrer le texte dans sa graphie d'origine, ne serait-ce que pour en préserver la saveur et la science.
Je remercie par avance les grincheux et obsédés du Bescherelle de ne pas sombrer en ire profonde 😉.
Pour la clarté du texte, j'ai cependant semé quelques ponctuations.
Enfin, j'invite tout lecteur à admirer la virtuosité quant à respecter la forme de la ballade, regrettant - en ma connaissance actuelle - qu'il n'y ait point quelque musique composée sur ce texte. Toute information à ce sujet m'intéresse : sources manuscrites, transcriptions…
De la grant mutacion des temps et abreviacion de toute nature et approuchement de fin de monde
Les temps, les ans, les meurs, les gens,
Les bestes et tous animaulx,
Les terres, les quatre elemens,
Les complections corporaulx,
Toutes les vertus cardinaulx,
Les arbres, les fruis, les poissons,
Les prez, les blez, vins et moissons,
Et le genrre en toute nature
Diminuent et les saisons :
Toute chose se desnature.
Automnne, yver, esté, printemps
Et tous les climats principaulx,
Du monde varie li temps;
Trop sont les pechiez generaulx
D’argent querir, estaz, joyaulx ;
Envie, orgueil, detractions
Regnent et dissolucions,
Toute couvoitise et ordure ;
La fin de ce monde approuchons :
Toute chose se desnature.
La foy, la loy sont vaxillens
Par noz pechiez et pour noz maulx ;
Met Dieux sur nous guerre et contemps,
En l’eglîse, entre les royaulx,
Et envie, pour noz deffaulx,
Froidures, inundacîons,
Pestillences, divisions,
Mortalitez, famine dure.
Mais pour ce ne nous amendons :
Toute chose se desnature.
Envoi
Princes, se bien considerons
Noz pechiez, les pugnicions
Que Dieux envoie a creature
Devers lui nous amenderons,
Ou autrement tuit perirons :
Toute chose se desnature.
Ce quint emprunt au passé ne nuit pas à mon envie de souhaiter un beau dimanche à quiconque, ni au plaisir quant à recevoir toutes réactions de toutes natures, en termes courtois s'entend.

vendredi 21 août 2020

Un emprunt au passé 4

Épisode 4 - détruire les animaux : un obstacle au bien-être de l'humanité
#nature #environnement #animaux #agriculture #écologie #bien-être #équilibre
Précédents emprunts : 1 - 2 - 3
C'est de nouveau au recueil des travaux de la société d'agriculture d'Agen, cette fois-ci, dans son édition de 1858-1859, que j'emprunte une réflexion signée d'un certain Ernest Marcadet.
Le titre de l'exposé dont je ne retiens que les deux premiers paragraphes est déjà fort explicite.
De la destruction des animaux par l'homme considérée comme un obstacle à la prospérité de l'agriculture et au bien-être de l'humanité.
Lorsqu'un fléau désole l'humanité, soit qu'il menace la santé de l'homme, soit qu'il atteigne et détruise les récoltes, on se hâte d'en rechercher la cause : mais dans l'appréciation des circonstances qui ont pu déterminer des effets connus, on manque trop souvent de prudence ; l'impatience d'arriver au plus vite à une explication fait accepter sans réserve les interprétations les plus étranges.
L'homme est prompt à accuser la nature, il ne se doute jamais que la faute puisse être en lui-même.
Aussi voyez comme on en discute ; chacun veut donner ses raisons, et l'on n'arrive qu'à se contredire parce que la vérité n'est pas là où on la cherche. « Lorsqu'il y a, di Goëthe, beaucoup d'avis sur un même sujet, ce n'est pas la vérité qui se trouve au milieu, c'est le problème. »
L'auteur suggère à l'homme dans son texte, certes empreint de religiosité de son siècle, mais cependant aussi de bon sens, de ne point attaquer les équilibres de la nature, équilibres qu'il sera bien incapable de rétablir quand il prendra conscience de ce qui aura été détruit.
Ne chassez pas l'envie qui est en vous quant à réagir !

jeudi 20 août 2020

G.Sand de Guillery à Nohant… gasconnade ?

#Gascon #Gascogne #Sand #Guillery #Pompey #Dudevant #Berry #Nohant #Balzac #Chopin #Flaubert #Delacroix
Précédemment : De Nohant à Guillery - 1 - 2
Pour beaucoup d'entre nous, bien qu'elle soit l'auteure d'une œuvre immense, George Sand n'aurait écrit que « La petite Fadette » et « La mare au diable ».
C'est de cette mare dont je viens parler, laquelle lui valut un tel succès dès sa parution en 1846, que les Gascons, selon la description que George en fait, à savoir hableurs et volontiers menteurs, encore de nos jours, revendiquent qu'elle fut inspirée par la Lagüue, un étrange étang, pour des raisons géologiques plus que diaboliques, situé non loin de Guillery.
Il n'en est rien. C'est plutôt, comme le suggèrent les descriptions de paysages et les études de mœurs du roman, au cœur du Berry qu'il faut situer l'origine de ce merveilleux livre, soit plus précisément dans le département de l'Indre, donc non loin de Nohant, dans un bois joliment appelé Chanteloube, au nord de la commune de Mers-sur-Indre.
Ne doutant pas de l'éventuelle déception causée à l'endroit des Gascons, je reste disposé à débattre en toute courtoisie, notamment à la fin de notre spectacle qui fera revivre demain soir à 19h George Sand non loin de Guillery sous la fraîcheur des cloîtres de Condom.
En attendant de probables et aimables échanges, quelques impressions de George Sand sur Guillery.
« Guillery, le château de mon beau-père, était une maisonnette de cinq croisées de front, ressemblant assez à une guinguette des environs de Paris, et meublée comme toutes les bastides méridionales, c'est-à-dire très sommairement.
Néammoins l'habitation en était agréable et assez commode.
Le pays me sembla d'abord fort laid; mais je m'y habituai vite.
Quand vint l'hiver, qui est la plus agréable saison de cette région de sables brûlants, les forêts de pins et de chênes-lièges prirent, sous les lichens, un aspect druidique, tandis que le sol, raffermi et rafraîchi par les pluies, se couvrit d'une végétation printanière qui devait disparaître à l'époque qui est le printemps au nord de la France.
Les genêts épineux fleurirent, des mousses luxuriantes, semées de violettes, s'étendirent sous les taillis, les loups hurlèrent, les lièvres bondirent […]. »
L'hiver selon George Sand étant encore long à venir, je vous souhaite néamoins de garder tête froide, notamment en venant demain, vendredi 21 août, sous les cloîtres de Condom, tout en gardant à l'esprit mon coutumier appel : « N'hésitez pas à réagir ! »

mercredi 19 août 2020

G.Sand de Nohant à Guillery… gasconnade ?

#Gascon #Gascogne #Sand #Guillery #Pompey #Dudevant #Berry #Nohant #Balzac #Chopin #Flaubert #Delacroix
Précédemment : 1 - 2
Pourquoi évoquer George Sand et sa maison de Nohant en des contrées aussi éloignées du Berry que le Sud-Ouest et plus précisément à la limite des départements du Gers et du Lot-et-Garonne ?
L'objet de cette question n'est point d'engendrer quelque ostracisme régional et encore moins d'ajouter de la fureur dans des réseaux sociaux qui en sont suffisamment saturés.
Pour commencer, les extraits des romans et correspondances qui inspirent le spectacle La maison d'Aurore sont écrits en une si belle langue qu'il serait inconvenant de les cantonner dans le seul Berry et de ne point les partager.
Les mots de George Sand ont en outre une pertinence qui demeure contemporaine et qui conforte ce que disait d'elle Honoré de Balzac : « Une femme remarquable et en avance sur son temps ».
Enfin, pour celles et ceux qui ne seraient point encore convaincu.e.s, rappelons que George Sand vécut quelques temps dans le Lot-et-Garonne, à Pompey près de Barbaste, au domaine de Guillery, propriété de la famille de son époux François Casimir Dudevant qu'elle épousa le 17 septembre 1822.
Quoique le mariage ne fut point une grande réussite - le couple finira par divorcer - George Sand garde d'excellents souvenirs de ses séjours à Guillery.
George Sand en 1826 à l'âge de vingt-deux ans.
George Sand n'a évidemment pas manqué décrire les Gascons qu'elle semble préférer, à certains égards, aux gens du Berry.
« Les Gascons sont de très-excellentes gens, pas plus menteurs, pas plus vantards que les autres provinciaux, qui le sont tous un peu.
Ils ont de l'esprit, peu d'instruction, beaucoup de paresse, de la bonté, de la libéralité, du coeur et du courage.
Les bourgeois, à l'époque que je raconte, étaient, pour l'éducation et la culture de l'esprit, très au-dessous de ceux de ma province; mais ils avaient une gaieté plus vraie, le caractère plus liant, l'âme plus ouverte à la sympathie.
Les caquets de village étaient là tout aussi nombreux, mais infiniment moins méchants que chez nous, et s'il m'en souvient bien, ils ne l'étaient même pas du tout.»
De tels propos, mêlant bienveillance et lucidité, expliquent bien des choses, quant aux possibles nature et origine des gasconnades !
Après avoir partagé ces instants guillerets à Guillery en compagnie de George Sand, n'hésitez pas à réagir !

lundi 17 août 2020

Gasconnade 2

Une petite perle empruntée en 1860 à la Revue d'Aquitaine et adaptée.
#Gascon #Gascogne #Facétie #Métayer #Chien #Bœuf #Incendie
Précédemment : 1
Pour cette deuxième incursion dans les univers facétieux, intéressons-nous à un métayer dont les propos auraient pu inspirer la chanson « Tout va très bien, Madame la Marquise ».
Jour d'Ascension, un métayer du Haut-Armagnac, habillé de pied en cape, comme s'il partait à la noce, chemise empesée, sabots décrottés et béret bien propret, monte à la ville voir le maître.
« Que me vaut le plaisir de votre visite, demande le citadin.
— Une bien triste nouvelle, mon Maître.
— Viens au fait !
— C'est qu'il faisait bonne garde, le bougre. On va le regretter.
— Mais de qui parles-tu, du berger ?
— Que non. C'est pis que cela, c'est le chien. Il est mort !
— Euh… Et comment cela est-il arrivé ?
— Il a trop mangé de bœuf, Maître.
— Du bœuf ! Je vois que les affaires vont bien. Au prix auquel le vendent les bouchers. À croire qu'à la campagne, valet et chien mangent mieux que seigneur en ville.
— Que non, Maître. Il n'y a que lui qui en a mangé. Nous on n'oserait pas vu qu'ils vous appartenaient. Pauvres bêtes, dire qu'elles ont succombé à la tâche.
— Comment cela, vous les avez fait trop travailler ?
— On ne pouvait pas faire autrement, Maître, avec toute cette eau à monter de la rivière.
— Vous auriez dû faire plusieurs voyages !
— C'est que pour éteindre le feu de la borde, il en fallait de l'eau et vite. Les pauvres. Eux aussi, on va les regretter ! Mais vous n'avez pas tout perdu. Je vous ai apporté des pois du jardin ! »
D'entendre cela, l'incendie de sa ferme, l'épuisement des bœufs et l'indigestion mortelle du chien, le maître ne sut quoi ajouter.
Et ce ne fut point quelques légumes, fussent-ils jolis pois, qui firent le poids devant tant de perte.
Après avoir découvert cette gasconnade, et si vous en brûlez d'envie, n'hésitez pas à réagir !

dimanche 16 août 2020

Un emprunt au passé 3

Épisode 3 - réflexions sur la cause animale en l'an II - premier Frimaire
#animaux #chiens #1793 #Révolution #lois
Précédents emprunts : 1 - 2
Alors qu'à juste titre, dénonce-t-on régulièrement des cruautés et exactions inadmissibles à l'endroit des animaux, je m'accorde un peu de recul et, au hasard du temps, débarque en 1793, le 21 novembre, en pleine Terreur.
Je dois préciser que la période porte bien son nom et qu'elle n'est en rien confortable pour raisonner à tête reposée, surtout avec l'appréhension de ne point la garder là où elle me semble la mieux placée, à savoir sur les miennes épaules.
En outre, pour ajouter à la confusion, le calendrier me brouille l'esprit, me donnant pour toute réponse à mes interrogations chronologiques la date du premier frimaire, où l'on célèbre… la raiponce.
Cela dit, ce n'est pas le moment d'être aux abois alors que je lis placardé sur les murs du Gers de quoi faire frémir le moindre citoyen - fut-il appelé Hugo, Clément ou autre.
En effet selon une cruauté toute administrative - et donc parmi les pires - lit-on que, de nos animaux les plus proches et les plus fidèles, devra-t-on se séparer de chiens, et ce, de façon expéditive.
Voici ce qu'il en est :
« Article premier — Il ne pourra être conservé dans chaque maison ou ménage et pour sa garde qu'un seul chien. Tous les autres chiens surnuméraires seront tués sans qu'ils puissent être cédés par leur maître à des citoyens qui n'en auraient pas actuellement.»
« Article deux — Les municipalités veilleront à l'exécution de l'article premier et dénonceront les citoyens qui ne l'auront pas exécuté dans la décade de la publication aux comités de surveillance de leur district.»
« Article trois — Tout bon citoyen est invité à faire une pareille dénonciation après la décade de la publication expirée, tant contre les citoyens que les municipalités négligentes.»
« Article quatre — Le présent arrêté sera imprimé, envoyé aux municipalités, districts, comités de surveillance et sociétés populaires. Il sera lu, publié et affiché aux formes accoutumées.»
(Premier frimaire an II.)
Découvrant ceci, je n'ose imaginer, en le nôtre siècle, où la délation est grandement facilitée par des réseaux laconiquement nommés « sociaux », comment évolueraient les relations humaines, s'ajoutant, dociles moutons que nous sommes déjà, aux multiples restrictions de liberté qui délimitent désormais notre quotidien.
Pour peu, je crierais « Nom d'un chien » mais un restant de sagesse, voire de pertinence, m'invite à contenir un tel désir.
Faute de mieux, je vais aller m'époumonner en quelque flûte à bec baroque et perfectionner ce délicat ornement appelé « mordant ».
N'hésitez pas à rugir réagir !

vendredi 14 août 2020

Gasconnade

Une première trouvaille empruntée à la Société archéologique du Gers (bulletin de 1901) et adaptée.
#Gascon #Gascogne #Facétie #Révolution #Bastille #1789 #guillotine #mort
Encouragés par des écrivains tels qu'Alexandre Dumas, les Gascons ont gagné une forte réputation de gouailleurs aux réparties efficaces et cinglantes.
Pour une première incursion dans cet univers facétieux, rendez-vous est pris à la Bastille, quelques jours après une date devenue depuis « Fête nationale ».
Un officier dont je tairai le nom, mais point ses origines authentiquement gasconnes, reçoit pour mission de nettoyer la place des nombreux cadavres, victimes immédiates d'affrontements sanglants.
Trouvant que les fossoyeurs manquent d'empressement en leur macabre ouvrage, avec la voix forte dont est doté tout Gascon qui se respecte - le volume vocal de ces derniers étant réglé, depuis le jour de naissance et à vie, en position maximale - l'officier ne manque pas les fustiger.
Les employés, impressionné par cet accent du Sud-Ouest, avec ces « r » qui roulent plus qu'un tonnerre d'orage estival, obéissent et jettent toutes leurs forces excavatrices dans la sombre entreprise qui est leur.
L'officier paraît enfin satisfait. Mais à confondre vitesse et précipitation, entend-on soudain un mort que l'on vient de jeter sur d'autres cadavres protester vigoureusement : « Mais que faites-vous, je ne suis pas encore mort, que je sache, mais seulement navré ! ».
Les fossoyeurs se confondent en excuses et ressortent l'homme de la fosse.
Voyant la manœuvre, l'officier se rapproche : « Que se passe-t-il ici ? Si vous ressortez les morts, on n'est pas prêts d'avoir fini.
— C'est que ce Monsieur prétend qu'il n'est que navré…
— Et alors, je le suis tout autant que lui - navré ! - enterrez-le quand même, répond avec gravité l'officier. Si l'on commence à écouter ces coquins-là, les morts seront bientôt tous vivants ! ».
Devant tant de certitude et d'autorité, bien que la décision semble n'avoir ni queue, ni tête ; ne sachant toutefois point où donner de la leur et voulant surtout la garder bien campée sur les épaules plutôt que la confier à l'admirable machine du sieur Guillotin, les fossoyeurs reprennent leur basse besogne sans se soucier dorénavant des morts qui viendraient à parler.
Après avoir découvert cette gasconnade, bien évidemment à tête reposée, n'hésitez pas à réagir !

jeudi 13 août 2020

Un emprunt au passé 2

Épisode 2 - réflexions sur l'éducation du siècle en 1850
#sciences #littérature #1850 #éducation
Ne boudons pas notre plaisir face aux propositions techniques censées nous faciliter la vie, notamment celles provenant de la sphère informatique et numérique, corrélée aux liens prodigués par internet et les réseaux sociaux.
Pour accéder à ce monde qui aurait pu être réservé aux seuls scientifiques, réjouissons-nous également de tenir en main ce petit objet qui couvre chaque jour un peu plus nos supposés besoins et plus encore en crée d'autres au point de nous mettre en état de dépendance, voire d'addiction : le smartphone !
Faut-il cependant rester béat devant tant de progrès réunis en si peu de volume, au détriment évident d'autres vecteurs d'échanges qui courent le risque d'une prochaine désuétude ?
Faut-il a contrario avoir peur d'être de plus en plus sous la gouvernance d'objets que les concepteurs appellent laconiquement des assistants ?
Faut-il tout simplement ne pas refuser ce qui vient, mais à en pondérer l'usage en n'oubliant point les vertus de ce qui précède ?
Attendu que la réponse est en chacun.e, en ses propres usages, je me limite ce jour à reprendre des extraits des « Réflexions sur l'éducation du siècle », signée de Monsieur Lafont de Cujula, découvertes dans le tome V des « Recueils des travaux d'agriculture, sciences et arts d'Agen ».
Datés de 1850, ils ne manquent point d'une durable pertinence qui justifie le présent partage. Là encore, toutes réactions, courtoises mais point forcément complaisantes, sont bienvenues.
L'éducation semble participer aujourd'hui des besoins et des exigences du siècle. La littérature, qui faisait le charme et les délices de nos pères n'est plus qu'un accessoire de l'éducation et si quelque homme de goût, si quelque esprit séduit par les jouissances que procurent les lettres se laisse encore aller au sentiment qui l'entraîne, bientôt le positif de notre société les rejette malgré eux vers les sciences exactes ; ce n'est plus qu'avec regret qu'ils accordent quelque partie de leur temps à des études, dont le mérite, à leurs yeux, n'est pas d'avoir une utilité marquée, mais de donner seulement des jouissances d'esprit et la satisfaction d'un goût déterminé.
Une préférence exclusive porte aujourd'hui vers l'étude des sciences la plupart des esprits appliqués […]
Cependant, les belles-lettres languissent délaissées, un petit nombre d'hommes d'élite soutient à peine la splendeur de notre littérature et pour un homme de goùt, vous trouverez vingt savants.
Si on en excepte la musique, il est peu de beaux arts qui ne soient déchus de leur ancienne gloire même la peinture. Mais cet empire que les sciences s'arrogent maintenant, ne pourra-t-il pas leur devenir funeste ? Ne voyons-nous pas aujourd'hui trop souvent le savant, sans instruction littéraire incapable d'exprimer ce qu'il sent et avoir à rougir d'un style incorrect ou barbare. Pourquoi cette sécheresse d'expression ? Pourquoi cet embarras de dire ce qu'il sait si bien. Pourquoi ne peut-il ajouter la gràce et la magie du style aux bonnes choses qu'il pourrait nous dire et nous apprendre ? C'est évidemment parce que l'éducation littéraire lui fait défaut.[…]
Les belles-lettres et les arts peuvent être considérés comme le luxe de l'esprit, les sciences comme le positif et le nécessaire.[…]
Quand les sciences auront pour nous quelque chose de trop ardu de trop sévère tempérons par la littérature le dégoût ou le désespoir qui pourrait nous saisir. Plus tard quand notre jugement sera formé lorsque nos idées se seront élevées, agrandies, revenous vers les sciences, fesons de généreux efforts pour nous initier à leurs mystères, et nous verrons que la littérature et les beaux arts nous seront d'un grand secours.
N'hésitez pas à réagir !

mardi 11 août 2020

Un emprunt au passé

Épisode 1 - une causerie en 1876
#causerie #Agenais #1876 #masque #politique
Je ne résiste pas au plaisir de partager ces quelques propos d'une causerie parue dans la revue de l'Agenais en 1876. À quelques détails près, ne pourrait-elle pas emprunter les mêmes mots (et maux) en ce moment ?
« Heureux mois que celui qui s'achève Il y a eu deux carnavals : le carnaval électoral et le carnaval des jours gras. Nous n'avons pas le droit de parler ici du premier dont nous nous sommes assez occupé ailleurs. Quant au second, c'est un sujet plus divertissant et qui sollicite notre plume comme une actualité très préférable à la politique sombre et écœurante de ces tristes temps.
Mais hélas, elle est partout aujourd'hui la hideuse mégère. Elle a pénétré jusque dans les salons pour gàter la causerie, jusqu'au foyer de la famille pour y jeter l'anxiété, le trouble, les pénibles préoccupations.
Elle a eu sur le carnaval, qui vient de finir, une influence funeste.
Elle a empèché la plupart des grandes réunions de cette époque de l'année ; le club a tué le bal et les joyeux accents des orchestres ont été remplacés par la petite et désagréable musique des péroreurs électoraux.
Il y a longtemps que la mode des travestissements et des masques est partout en décadence.
On ne se met guère plus maintenant de masques que sur la conscience.
Mais jamais d'après ce que nous signalent les journaux des différentes villes de France, la folie carnavalesque n'avait moins agité ses grelots que pendant les jours gras de 1876.
Les Français veulent devenir sérieux : malheureusement ils ne le deviennent qu'en apparence.
Nous ne connaissons plus le franc éclat de rire de nos pères ni ces divertissements de large bouffonnerie où ils se délectaient ; mais nous avons pris l'habitude de perversités et de vilaines actions dont ils étaient incapables.
Le carnaval aujourd'hui dure toute l'année ; mais c'est un carnaval lugubre qui effraie les hommes intelligents et honnêtes, doués de quelque clairvoyance et l'on se demande avec effroi quel en sera le dénouement.»
N'hésitez pas à réagir !