jeudi 13 août 2020

Un emprunt au passé 2

Épisode 2 - réflexions sur l'éducation du siècle en 1850
#sciences #littérature #1850 #éducation
Ne boudons pas notre plaisir face aux propositions techniques censées nous faciliter la vie, notamment celles provenant de la sphère informatique et numérique, corrélée aux liens prodigués par internet et les réseaux sociaux.
Pour accéder à ce monde qui aurait pu être réservé aux seuls scientifiques, réjouissons-nous également de tenir en main ce petit objet qui couvre chaque jour un peu plus nos supposés besoins et plus encore en crée d'autres au point de nous mettre en état de dépendance, voire d'addiction : le smartphone !
Faut-il cependant rester béat devant tant de progrès réunis en si peu de volume, au détriment évident d'autres vecteurs d'échanges qui courent le risque d'une prochaine désuétude ?
Faut-il a contrario avoir peur d'être de plus en plus sous la gouvernance d'objets que les concepteurs appellent laconiquement des assistants ?
Faut-il tout simplement ne pas refuser ce qui vient, mais à en pondérer l'usage en n'oubliant point les vertus de ce qui précède ?
Attendu que la réponse est en chacun.e, en ses propres usages, je me limite ce jour à reprendre des extraits des « Réflexions sur l'éducation du siècle », signée de Monsieur Lafont de Cujula, découvertes dans le tome V des « Recueils des travaux d'agriculture, sciences et arts d'Agen ».
Datés de 1850, ils ne manquent point d'une durable pertinence qui justifie le présent partage. Là encore, toutes réactions, courtoises mais point forcément complaisantes, sont bienvenues.
L'éducation semble participer aujourd'hui des besoins et des exigences du siècle. La littérature, qui faisait le charme et les délices de nos pères n'est plus qu'un accessoire de l'éducation et si quelque homme de goût, si quelque esprit séduit par les jouissances que procurent les lettres se laisse encore aller au sentiment qui l'entraîne, bientôt le positif de notre société les rejette malgré eux vers les sciences exactes ; ce n'est plus qu'avec regret qu'ils accordent quelque partie de leur temps à des études, dont le mérite, à leurs yeux, n'est pas d'avoir une utilité marquée, mais de donner seulement des jouissances d'esprit et la satisfaction d'un goût déterminé.
Une préférence exclusive porte aujourd'hui vers l'étude des sciences la plupart des esprits appliqués […]
Cependant, les belles-lettres languissent délaissées, un petit nombre d'hommes d'élite soutient à peine la splendeur de notre littérature et pour un homme de goùt, vous trouverez vingt savants.
Si on en excepte la musique, il est peu de beaux arts qui ne soient déchus de leur ancienne gloire même la peinture. Mais cet empire que les sciences s'arrogent maintenant, ne pourra-t-il pas leur devenir funeste ? Ne voyons-nous pas aujourd'hui trop souvent le savant, sans instruction littéraire incapable d'exprimer ce qu'il sent et avoir à rougir d'un style incorrect ou barbare. Pourquoi cette sécheresse d'expression ? Pourquoi cet embarras de dire ce qu'il sait si bien. Pourquoi ne peut-il ajouter la gràce et la magie du style aux bonnes choses qu'il pourrait nous dire et nous apprendre ? C'est évidemment parce que l'éducation littéraire lui fait défaut.[…]
Les belles-lettres et les arts peuvent être considérés comme le luxe de l'esprit, les sciences comme le positif et le nécessaire.[…]
Quand les sciences auront pour nous quelque chose de trop ardu de trop sévère tempérons par la littérature le dégoût ou le désespoir qui pourrait nous saisir. Plus tard quand notre jugement sera formé lorsque nos idées se seront élevées, agrandies, revenous vers les sciences, fesons de généreux efforts pour nous initier à leurs mystères, et nous verrons que la littérature et les beaux arts nous seront d'un grand secours.
N'hésitez pas à réagir !

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