lundi 26 avril 2021

Pierre de Bossinhac

TROBAR SELFIE s1t3
#Troubadours #poésies #lyrique #chansons #musique #musicologie #enluminure #médiéval #medieval #moyenage #Hautefort #Dordogne #Périgord
article made in #Condom #Ténarèze #Gers #Gascogne #Occitanie
Quand le doux temps d'avril … ne te découvre pas d'un fil.
C'est au printemps et à l'énergie que déploie la nature que se réfèrent généralement les troubadours pour nourrir leur inspiration.
Beaucoup d'entre eux - dont le présent Peire de Bossinhac qui officiait au château de Hautefort en Dordogne - commencent leurs chansons par une strophe dite printanière.
Mais attention, derrière ce rappel vivifiant d'une végétation qui retrouve ses feuilles, au son joyeux des oiseaux qui gazouillent, il ne faut pas toujours et seulement espérer des propos charmeurs, légers et tendres selon quelque cliché accordé volontiers au terme de troubadour.
Peire de Bossinhac, comme l'indique sa biographie (vida) et la chanson du mois d'avril, sait trouver de bons sirventes (complaintes critiques ou satiriques), notamment pour se plaindre des femmes.
☝ in manuscrit Fr1562
Ont été sollicités pour ce montage : les manuscrits Fr854 (enluminure) et Fr22543 (partition vide)
Est-ce sa position sociale de clerc, d'où la tonsure, qui, sans qu'il soit forcément entré en religion, lui impose d'être dans l'esprit de cette dernière où les femmes ne sont guère à l'honneur sauf quand il s'agit de les accabler et de leur attribuer toutes culpabilités ?
Pressée d'en finir, Peire de Bossinhac, n'attend même pas une deuxième strophe pour signifier qu'il aimerait avoir assez de volonté pour les châtier quand elles faillissent.
Ben volgr' aver en mi
Poder de tal trobar,
Cum pogués castiar
Las domnas de falhir,
La remise en question de cette courtoisie fait l'objet d'une causerie que j'anime avec quelque humour en toutes contrées de France et de Navarre voire au-delà ! 👉 💻 À mort ? Amor !

samedi 24 avril 2021

Béatrice, comtesse de Die

« TROBAR SELFIE » s1t2
#Troubadours #poésies #lyrique #chansons #musique #musicologie #enluminure #médiéval #medieval #moyenage #Die #Drôme
article made in #Condom #Ténarèze #Gers #Gascogne #Occitanie
Cette deuxième étape met à l'honneur une « trobaritz » ou, selon une traduction plus efficace qu'élégante, une femme-troubadour.
À considérer ce que transmet l'ensemble des manuscrits, les trobaritz sont nettement moins nombreuses que leurs pairs masculins.
Il en est logiquement de même pour leur production poétique. Et le pire est atteint avec une seule mélodie conservée, en l'occurrence la chanson "A chantar" qui apparait en fond d'image.
Enfin, pour ce qui intéresse la série TROBAR SELFIES, les enluminures, les trobaritz ne sont que 3 face à 91 troubadours (3,19% !).
Faut-il penser que les troubadours, versus masculins, que l'on dit champions de la fin'amor n'étaient pas aussi courtois dans la vie que dans leurs poésies ?
Ont été sollicités pour ce montage : les manuscrits Fr854 (enluminure) et Fr844 (partition de la canso « A chantar »)
in manuscrit Fr12473 👇
 Guillaume IX

À considérer la chanson de Béatrice de Die, dans laquelle elle se plaint des infidélités et du comportement du seigneur Raimbaut d'Orange, lui même troubadour, il est tentant de répondre par l'affirmative.
Je ne le ferai pas, espérant que, dans les rencontres à venir, hélas à majorité masculine, il y aura néanmoins matière à nuancer.
Une causerie sur la courtoisie à découvrir sur mon site À mort ? Amor !

mercredi 21 avril 2021

Guillaume IX, le premier troubadour

« TROBAR SELFIE » s1t1
#Troubadours #poésies #lyrique #chansons #musique #musicologie #enluminure #médiéval #medieval #moyenage
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Puisqu'il exprime son intention de composer, parole est accordée à Guillaume IX, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers, pour inaugurer la série TROBAR SELFIES.
Bien qu'en mon for, l'argument ne soit point prioritaire, la position de n°1 s'accorde logiquement avec la chronologie historique, laquelle qualifie Guillaume IX de premier troubadour ayant exercé son art poétique dès la fin du onzième siècle.
Noblesse oblige, une des deux enluminures qui le concerne, le représente en chevalier arborant ostensiblement ses armoiries sur ses gonfanon, caparaçon, écu et heaume.
Ont été sollicités pour ce montage : les manuscrits Fr854 (enluminure) et Lat1139 (partition avec mélodie de la chanson « Companhnon »)
 Guillaume IX

La seconde représentation extrait du manuscrit Fr12473 rétablit heureusement la concordance avec le thème des troubadours.

Une écoute ?
La chanson « Companhnon » fait partie de ma discographie et s'écoute en ligne 👉 💿
Accessoirement, Guillaume IX est le grand-père d'une certaine Aliénor qui fut, par mariage, reine de France puis d'Angleterre entraînant pendant plusieurs siècles moults affrontements entre les deux royaumes dont la guerre de Cent Ans et, collatéralement de nombreuses compositions musicales qu'interprète le Strawberry Consort dans son spectacle England be Glad.

Trobar selfies

#Troubadours #poésies #lyrique #chansons #musique #musicologie #enluminure #médiéval #medieval #moyenage
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À l'aube du printemps, même affectée par une pandémie qui place tout un chacun sous la menace d'un virus portant couronne tels les souverains d'antan, tout musicien médiéviste qui se respecte, dont je m'honore d'être, ne peut qu'être sensible aux écrits et compositions des fabuleux poètes que furent les troubadours.
Cependant, bien qu'il s'agisse d'un courant littéraire et lyrique qui dura plus de deux siècles entre fin onzième et fin treizième, tout semble avoir été dit et étudié.
Quelle approche vais-je donc m'autoriser ce jour ?
extrait d'un folio du chansonnier La Vallière (XIVe s.)
Avant d'entrer en action, je me réjouis que des dizaines de manuscrits conservent leurs œuvres par centaines, ce qui est assez exceptionnel, offrant ainsi les contenus les plus divers, manière d'anthologies poétiques conséquentes, avec ou sans accompagnements mélodiques et parfois, cerise sur un gâteau déjà fort appétissant, des enluminures représentant les auteur·e·s.
Ce sont ces dernières que je retiens, tant pour leur valeur esthétique que selon une condidération peu rationnelle, les assimilant comme autant de selfies qu'auraient pris eux-mêmes les troubadours pour ne pas être oubliés, voire pour cultiver quelque vanité, que j'excuse volontiers, attendu la qualité de leurs productions.
Cet article sera complété au fur et à mesure de la mise en forme des illustrations par des liens vers les troubadours que j'aurai eu plaisir à réveiller du nid douillet et précieux des manuscrits.
Que la découverte soit agréable !

jeudi 18 mars 2021

Tours, en quête d'Honoré

#Touraine #Tours #médiéval #medieval #moyenage #Renaissance #contes #Balzac #Sand #littérature #quartier #colombage
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Cela peut paraître futile, mais je n'ai su me priver du plaisir - comme je l'avais fait à Nohant pour le premier spectacle du duo iH! La maison d'Aurore consacré à George Sand - de visiter les lieux qui ont inspiré Honoré de Balzac, alors qu'il rédigeait ses contes drôlatiques.
Balzac est né à Tours en 1799. Dans son œuvre immense, il y fait fréquemment référence avec des personnages tels que François Birroteau, curé de Tours.
Moins connus, car ne faisant pas partie de la comédie humaine, les contes drôlatiques, lesquels sont le prétexte de mon spectacle HB by HB, invitent à remonter le temps, à destination des siècles du Moyen Âge et de la Renaissance.
Pour mieux en suggérer l'atmosphère, Balzac s'ingénie à en imiter le parler, rappelant un autre truculent auteur qui fréquenta aussi la Touraine, le bien nommé François Rabelais.
Mais la langue ne serait rien sans être parfaitement intégrée à un décor chronologiquement compatible que Balzac n'a eu guère à chercher, puisque existant non loin de la demeure familiale et en état quasi médiéval.
En balade à Tours ces derniers jours de fin d'hiver 2021, je vois bien que la ville qu'a connue l'auteur a évolué. Sa maison natale n'est plus, puisque faisant partie des quartiers rasés lors de la seconde guerre mondiale.
Fort heureusement, les décors pour recréer l'ambiance des contes drôlatiques ont pour origine les rues étroites et les placettes que les bombardements ont partiellement épargnés, à commencer par la place Plumereau.
Les maisons à colombage, désormais entretenues et restaurées, font belle figure dans ce qu'il est convenu d'appeler "vieux quartiers" ou "quartiers historiques".
C'est donc sans difficulté que j'ai fait le lien avec les échoppes et tavernes qu'évoque Balzac et celles qui ont une égale importance dans mon propre récit.
Fort de cette complicité avec Balzac, au-delà du plaisir malicieux de partager les mêmes initiales HB, je n'ai que plus de hâte à retrouver les temps de partage avec le public que sont les spectacles quand ces derniers seront de nouveau autorisés.
Place Plumereau à Tours avec Balzac
À Nohant avec et chez George Sand

samedi 27 février 2021

Le temps des fleurs

dans les chants de Marguerite
#Bruxelles #médiéval #medieval #moyenage #Renaissance #manuscrits #enluminure #musique #musicologie #flore #fleurs #printemps
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L'humour et la facétie sont souvent présents dans les illustrations des manuscrits, que les sujets abordés soient sacrés ou profanes.
Le chansonnier dit de Marguerite d'Autriche (1480-1530) semble ne pas échapper à la règle.
J'imagine aisément l'enlumineur jouer d'un clin d'œil à l'endroit de la princesse et duchesse en dessinant des fleurs qui font écho à son prénom. Allez savoir.
De même, je ne peux m'empêcher d'associer ces végétaux délicatement dessinés aux noms des prestigieux compositeurs de cette fin de quinzième siècle dont les « tubes » sont ici repris.
Citons Agricola, des Prés, de la Rue qui sont autant de substrats fertiles pour que s'expriment toutes éclosions florales.
Dans le même esprit, profitant de ce que peuvent apporter les siècles qui me séparent du manuscrit, j'ajoute malicieusement Antoine Brumel, très hypothétique ancêtre de mister Brumell, lequel, à cheval sur les XVIIIe et XIXe siècles, fut tant prince de l'élégance qu'un magasin en fit une marque encore en usage, un magasin en concordance avec les présents propos : le Printemps.
En résumé, tel un troubadour s'exaltant en strophes printanières, je rêve de chasser l'humeur morose des heures actuelles en me projetant dans ce livre de chants amoureux qui prélude aux beaux jours.
J'invite en outre tout un chacun à compléter ce partage en prenant un risque qui m'est interdit, attendu mes piètres connaissance en botanique : celui de donner le nom des fleurs présentes.
Enfin, j'invite les audiophiles à se délecter de cette « play-list » conçue à l'aube de la Renaissance.

dimanche 21 février 2021

Des petits trésors

Un manuscrit toulousain d'Outre-Manche
#Toulouse #médiéval #medieval #moyenage #manuscrits #enluminure #musique #musicologie #jongleurs #graduel #neume
article made in #Condom #Ténarèze #Gers #Gascogne #Occitanie
C'est dimanche, jour où, autrefois, que l'on fut croyant ou non, à certaines époques, il était fort conseillé d'aller à la messe pour ne point s'attirer quelques foudres, non point divines, mais provenant de ceux qui prétendaient en être les dignes et uniques représentants.
Fort prudemment, au nom d'un principe de précaution dont je n'évoquerai pas les nombreuses dérives actuelles et imbéciles, je me suis donc donné pour présent devoir de ne pas me déplacer sans quelque ouvrage religieux, manière de laisser-passer ou de faux-semblant qui vaut bien autant que certaines attestations de couvre-feu contemporaines. Résidant en Occitanie, je me suis naturellement tourné vers sa capitale historique pour les siècles médiévaux et de la Renaissance qui occupent grandement mon quotidien.
Lettrine C in Harley 4951 f159r°
La recherche fut difficile. Heureusement par la faveur d'une facétie linguistique et anglophile, due à mon commencement de défaitisme, je me suis complu à m'entendre dire avec un accent anglais approximatif To lose au lieu de Toulouse. Était-ce, en mon for inconscient, le message évident que tout était perdu ; all was lost ?
Que nenni ! Ce fut tout le contraire, puisque dans les brumes londoniennes et dans les méandres et autres labyrinthes de la BL (British library), je dénichai sous le nom abscon d'Harley 4951, un graduel de la fin du onzième siècle pour l'usage de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, elle même érigée à cette époque. Selon les sources, on parle aussi de Saint-Sernin (tout avis pertinent m'intéresse !).
L'avantage d'un graduel, c'est qu'il fournit les mélodies et textes des chants religieux pour toute l'année. Il est donc d'un usage permanent et écarte ainsi les bigots suspicieux qui voudraient me voir comme un père manant.
Vue l'ancienneté du saint ouvrage, il convient de se conforter à l'aphorisme : On a toujours besoin d'un neume, lesquels neumes, placés au dessus des textes, ne sont point des déjections hasardeuses d'arthropodes indélicats mais sont par bonheur de reélles et précises indications musicales (cf image ci-dessous au centre).
Ite missa est ?
Pas tout-à-fait, car pris par la musique plus que par un moindre mouvement de piété, non sans oublier une curiosité incurable, je me suis adonné à une exploration de bout en bout, plus exactement de folio en folio, pour découvrir après presque six cents pages, de quoi me distraire en la joyeuse compagnie d'artistes polyvalents, appelés autrefois joueurs ou jongleurs, soit en langue d'oc "joglars".
J'en conclus que j'avais là un merveilleux passeport pour aborder en toute tranquillité tout dimanche à venir et me donnais toutefois pour devoir d'en porter la connaissance à tout autre quidam aux dispositions d'esprit similaires.
Voilà qui est fait !
En toute amitié et partage